457 circonscriptions ont basculé au Rassemblement national
Le Ministère de l’Intérieur a publié les résultats des élections européennes 2024 par circonscription législative. Sur 577 circonscriptions législatives, 457 ont voté en majorité pour la liste du Rassemblement national pour les élections européennes.
La liste d’Éric Zemmour est celle qui a récolté le plus de suffrages dans la huitième circonscription des Français de l’étranger.
La liste de La France Insoumise est arrivée en tête dans 48 circonscriptions, dont 30, en Île-de-France. La liste Renaissance a reçu un soutien majoritaire dans 39 circonscriptions. La liste LR a pu compter sur deux circonscriptions : la quatorzième de Paris et la première des Yvelines. Le Parti socialiste est arrivé premier dans 30 circonscriptions. La liste écologiste ne s’est distinguée nulle part.
En comparant les deux tours de l’élection présidentielle de 2022, le second tour des élections législatives de cette même année et le scrutin européen, on constate un gigantesque basculement. Ainsi, dans la plupart des territoires ultramarins, le vote est passé de la NUPES au RN. C’est le cas de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane, de la Réunion et de Mayotte.
Si on compare les données, on arrive à 168 députés dont la circonscription a voté de la même façon en 2022 et en 2024, dont sept circonscriptions des Français de l’étranger.
Par couleur politique, par facilité, on a assimilé NUPES au Nouveau Front Populaire. En l’état actuel de nos informations, on part du principe que tous les partis de gauche se sont accordés. Sur l’aile gauche, ils sont 55.
Sans aller jusqu’à dire qu’une élection est gagnée d’avance, ces 55 candidats — s’ils se représentent — devraient retrouver leurs bureaux au Palais Bourbon. Sur ces 55, il y en a quatre qui ont une longueur d’avance : Alexis Corbière, Sophia Chikirou, Danièle Obono et Sarah Legrain peuvent faire figure de chanceux : ils avaient été élus dès le premier tour et leurs circonscriptions n’ont pas basculé.
Côté majorité présidentielle, ils sont 33 dont la circonscription n’a pas changé et côté Rassemblement national, ils sont 81, en incluant Emmanuelle Ménard, même si elle n’appartient pas au Rassemblement national.
Pour les 410 circonscriptions restantes, c’est l’inconnu. Certaines n’avaient pas basculé du côté du Rassemblement national, car le député sortant était ce qu’on appelle communément un élu de terrain. Cela signifie qu’il est très présent en circonscription, va à tous les évènements, coupe les rubans, etc. Même si vu de Paris, cela peut sembler très anecdotique, cela compte énormément, notamment dans les circonscriptions rurales ou très rurales.
C’est singulièrement le cas de Xavier Breton, Olga Givernet, Julien Dive, Pierre Dharréville, Olivier Falorni ou Raphaël Gérard.
Toute la question va être de savoir si les députés sortants qui comptent se représenter dans l’une de ces 410 circonscriptions ont fait suffisamment de terrain en deux ans, pour être réélus. Parmi les élus en difficulté, on compte Olivier Marleix — président du groupe LR sous la XVIe législature, Cyrielle Chatelain, du groupe écologiste, Boris Vallaud du groupe socialiste, André Chassaigne ou encore François Ruffin.
Du côté de La France Insoumise, il y a douze circonscriptions, qui avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle, ont envoyé un député de ce parti à l’Assemblée nationale et qui ont voté pour le Rassemblement national aux élections européennes. C’est par exemple la situation de la septième circonscription de Seine-et-Marne (Ersilia Soudais), de la dixième de l’Essonne (Antoine Léaument) ou encore de la troisième du Val-de-Marne (Louis Boyard).
L’autre inconnue sera la participation. En 2022, elle avait été particulièrement basse, avec seulement 46,23 %. Pour les élections européennes, la participation a été plus importante, avec une participation de 51,49 %.
Il reste deux semaines aux partis pour convaincre les abstentionnistes d’aller voter et si possible, de voter pour eux, sur la base d’un programme lisible.