On a décortiqué le budget 2026. Voici les principales mesures.
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Budget 2026 : les gagnants et les perdants

Le budget qui devra être présenté ce matin en conseil des ministres a fuité. Nos confrères de POLITICO ont mis la main sur la première partie. Comme pour tous les budgets, il y aura des gagnants et des perdants.

Les perdants du budget 2026

La vape : dans le collimateur du gouvernement

Bon nombre de personnes ont arrêté de fumer pour privilégier la cigarette électronique. Réputée moins nocive, elle est surtout beaucoup moins chère. Cet état de grâce fiscal va s’achever. Le Gouvernement prévoit d’augmenter méchamment la fiscalité sur les dispositifs de vapotage.

Comptez trois centimes de plus au minimum selon le dosage de nicotine du liquide et la fin de la TVA réduite.

Sur chaque flacon, il faudra compter sur une augmentation de plus d’un euro. Officiellement, il s’agit d’aligner la fiscalité sur celle du tabac. Officieusement, il s’agit plutôt de faire rentrer de l’argent dans les caisses. En effet, tous les textes parlementaires sont gagés sur le tabac.

Les adeptes de l’e-commerce low cost vont passer à la caisse

SHEIN, Temu et AliExpress ont envahi le web marchand, au détriment des acteurs européens et même d’Amazon.

Le gouvernement prévoit une taxe de 2 € par article pour les colis importés à faible valeur ajoutée, avant application de la TVA.

Beaucoup de consommateurs se sont détournés des sites français et européens, pour acheter sur les sites chinois, créant une distorsion de concurrence, mais aussi une pollution supplémentaire.

Avec la taxe sur la vape, on est sur la fiscalité comportementale : augmenter les prix pour inciter les consommateurs à changer leurs habitudes.

Les étrangers : la nouvelle ressource financière de l’État

C’est le dernier article du texte et il prévoit une véritable bombe pour la gauche de l’hémicycle. Le gouvernement propose hausse des droits de timbre pour les titres de séjour, les visas et les demandes de nationalité.

Le coût d’une carte de séjour augmentera de 100 €, celui d’une naturalisation de 200 €, et une nouvelle taxe de 40 € sera créée pour l’échange d’un permis étranger contre un permis français.

Ces hausses, destinées à rapprocher la France de la moyenne européenne, devraient rapporter 160 millions d’euros par an.

Les justiciables : l’autre nouvelle ressource

Toujours dans l’article 30, ce sont les frais de justice qui sont au programme.

Le droit de timbre avait été supprimé en 2014, le gouvernement souhaite le rétablir. Le texte instaure aussi une contribution de 50 € pour toute procédure civile ou prud’homale, dans le but de financer l’aide juridictionnelle et de limiter les recours abusifs.

Ce droit de timbre était déjà dans le budget pour 2025 et le Conseil National des Barreaux (CNB) s’y était très fermement opposé, notamment parce que cela impacterait d’abord les classes moyennes, qui ne sont pas éligibles à l’aide juridictionnelle.

Les retraités : fin de l’abattement Papon

Cela fait plusieurs années que l’abattement Papon fait couler de l’encre dans les assemblées parlementaires et à la Cour des comptes. Le gouvernement a décidé de mettre un terme encadré à cet avantage fiscal.

Au lieu d’avoir un abattement de 10 % sur les pensions, il y aura un abattement forfaitaire de 2000 € par retraité.

Les retraités les plus modestes ne seront pas touchés, mais les retraités les plus aisés perdront en pouvoir d’achat.

Les automobilistes : pas de hausse généralisée, mais des achats plus onéreux

L’article 13 prolonge le malus écologique, qui devra augmenter jusqu’en 2028. En raison du décalage du barème, les modèles familiaux risquent de coûter de 500 € à 2000 € plus cher.

À l’inverse, les conducteurs roulant en électrique ne seront pas concernés par de nouvelles taxes, mais, dans la mesure où ces modèles sont généralement plus chers à l’achat, les gagnants ne seront pas nombreux.

Les conducteurs d’Île-de-France paieront aussi plus cher que les autres : l’article 15 prévoit une majoration régionale sur la taxe d’immatriculation.

Les gagnants du budget 2026

Les entreprises s’en sortent bien

Le projet de loi de finances pour 2026 accélère la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).

Prévue pour disparaître en 2030, elle devrait disparaître en 2026, ce qui représente plusieurs milliards d’allègements fiscaux pour les PME et les ETI industrielles.

Certains avantages fiscaux sont aussi recentrés sur les start-up et les entreprises innovantes.

La bouffée d’air pour les associations

L’article 9 du texte propose un doublement du plafond des dons ouvrant droit à 75 % de réduction d’impôts. Cet article vient compenser la suppression de l’ISF.

En effet, depuis la disparition de l’impôt sur la fortune, les associations ont vu les dons stagner ou s’effondrer. Ainsi le plafond passerait de 1000 € à 2000 €.

Les streameurs et créateurs de contenus vont souffler

C’était la bombe que personne n’avait vu l’année dernière : l’abaissement du seuil de TVA pour les indépendants. Or, si un indépendant classique peut répercuter la TVA sur ses prestations ou ses marchandises, ce n’est pas le cas des créateurs de contenus sur les plateformes en ligne, qui ne choisissent absolument pas les montants reçus.

D’une part, l’abandon de l’abaissement du seuil de TVA est entériné par le gouvernement et cet abandon est pérennisé.

D’autre part et on est nombreux à l’avoir attendu : les créateurs de contenus en ligne, dont les revenus passent par des plateformes numériques — Twitch, OnlyFans — ne devront plus déclarer la somme « brute », mais la somme effectivement perçue.

En effet : si un internaute donne 10 € à un créateur de contenus via Twitch, le steamer doit déclarer les 10 €. Il est imposé sur les 10 €. Or, le steamer ne touche pas les 10 € puisque la plateforme garde une commission.

Ce sont les plateformes qui seront taxées à la place. Reste à savoir si PayPal sera concerné par l’article 24.

Les mesures de justice fiscale

Pas de taxe Zucman au programme, mais certaines mesures peuvent s’apparenter à des rééquilibrages budgétaires, en faveur de plus justice fiscale.

La taxe sur les hauts revenus

C’est l’article 2 qui prolonge la Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR). Les contribuables dont le taux d’imposition moyen est inférieur à 20 %, en dépit de revenus très élevés, devront payer un complément d’impôt.

La création d’une taxe sur le patrimoine financier

L’article 2 prévoit la création d’une taxe sur les holdings familiales. Cela concerne les personnes qui ont de très gros revenus et qui les placent dans des structures ad hoc dormantes, afin d’éviter la progressivité de l’impôt sur le capital.

Reconduction de la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises

Introduite dans le budget 2025, la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises, qui sont environ 400 en France, est reconduite pour l’année 2026.

L’avenir du budget Lecornu

À ce stade, rien ne dit que le budget que présentera Sébastien Lecornu soit examiné par l’Assemblée nationale. En effet, plusieurs motions de censure ont déjà été déposées.

Enfin, il ne s’agit que d’une partie du budget. Il reste le budget de la Sécurité sociale, qui n’a pas encore fuité.