Élection du Président de l’Assemblée nationale : une journée sous haute tension politique

Au terme d’une journée très agitée, Yaël Braun-Pivet a été réélue présidente de l’Assemblée nationale.
Au terme d’une journée très agitée, Yaël Braun-Pivet a été réélue présidente de l’Assemblée nationale.

Après avoir fait leur rentrée administrative la semaine dernière, les députés ont fait leur rentrée politique au Palais Bourbon, avec leur premier vote : l’élection du Président de l’Assemblée nationale. 

Si le Nouveau Front Populaire avait décidé d’une candidature unique en la personne d’André Chassaigne, les autres groupes ne l’entendaient pas de cette oreille. Yaël Braun-Pivet, présidente sortante, a décidé de se représenter et s’est retrouvée face à Sébastien Chenu, Naïma Moutchou, Charles de Courson et Philippe Juvin.

L’applaudimètre donnait un premier indice, lorsque José Gonzalez a donné les noms des candidats : des applaudissements très nourris pour André Chassaigne et Sébastien Chenu, plus retenus pour Yaël Braun-Pivet et presque inexistants pour les autres candidats. 

Après le premier tour, Naïma Moutchou et Philippe Juvin se sont désistés, laissant en lice Yaël Braun-Pivet, André Chassaigne, Sébastien Chenu et Charles de Courson. Il a donc fallu procéder à un troisième vote, ce qui a permis l’élection de Yaël Braun-Pivet, qui retrouve donc son siège, avec 220 voix. André Chassaigne a récolté 207 voix au troisième tour. Sébastien Chenu a pu compter sur 141 voix. Morale de l’histoire : comme à l’Eurovision, l’applaudimètre n’est pas toujours un indicateur fiable pour déterminer le gagnant. 

On a pu assister à trois incidents ou plutôt trois moments d’inélégance parlementaire. Le premier a été le refus assez ostensible de serrer la main du benjamin de l’hémicycle, Flavien Termet, en raison de son appartenance au Rassemblement National. Tous les députés ne l’ont pas fait, mais certains députés ont refusé de lui serrer la main.

Le deuxième moment a été un genre d’altercation entre Sébastien Delogu et le même Flavien Termet, le premier ayant dit au second « t’es un fada toi », avec un air assez menaçant. Enfin, le dernier moment est survenu lorsque Yaël Braun-Pivet est montée au perchoir et a entamé un discours de remerciement. Des clameurs sont montées dans l’hémicycle, sans qu’on sache de qui cela venait précisément dans la mesure où les députés étaient assis par ordre alphabétique. 

De l’avis d’une des personnes qui hantent l’Assemblée nationale, cette législature s’annonce tout aussi tendue que la précédente, les petits incidents du jour en sont la démonstration. Tout comme le montrent les réactions des députés du Nouveau Front Populaire sur Twitter et dans les médias, suite à la réélection de Yaël Braun-Pivet. 

En effet, pour le Nouveau Front Populaire, les députés, qui étaient encore ministres hier, n’auraient pas pu participer au vote de ce jour. Sur ce point, les constitutionnalistes s’interrogent. La réponse n’est pas claire et le recours inexistant.  

Côté jardin, les députés ont commencé à se préparer pour la journée de demain et d’après-demain. Ils voteront pour les vice-présidents, mais aussi pour les questeurs, postes presque tout aussi importants que celui de Président. Certains sont encore en train de réfléchir à la commission permanente qu’ils vont intégrer, il leur reste quelques heures pour faire les arbitrages. Les sortants vont dans leur majorité, réintégrer les commissions permanentes auxquelles ils appartenaient. Plusieurs vont reprendre leurs anciens dossiers, dont Olivier Falorni sur la fin de vie, Inaki Echaniz sur le logement, Pierre Cordier sur le travail, etc. 

À ce sujet, il y a un poste qui est convoité avec gourmandise : la présidence de la commission des finances. Véronique Louwagie va se présenter et pourrait bénéficier du soutien des députés Ensemble pour la République (anciennement Renaissance, anciennement La République En Marche). Comme le dit un député réélu, « elle est une femme d’expérience, elle est compétente, elle coche plus de cases que les deux autres ». Qui sont les deux autres ? Éric Coquerel souhaiterait retrouver son poste de président, mais, du côté du Rassemblement National, on revendique aussi cette commission et il est vrai qu’ils sont dans l’opposition. Reste à savoir comment les députés de la commission en question voteront. 

Dans la nuit, la composition des groupes politiques sera rendue publique au Journal officiel. Demain, vendredi 19 juillet 2024, les députés procéderont à l’élection des vice-présidents et des trois questeurs.