Gouvernement Barnier 1 : le profil des candidats et le calendrier parlementaire
Les Français ont voté en juillet et il aura fallu attendre le dernier jour de l’été pour enfin avoir un Gouvernement. Tous les entrants ne sont pas connus des Français, mais, chez Arcadie, on les connaît déjà quasiment tous.
Didier Migaud, garde des Sceaux, ministre de la Justice
Il était jusqu’à maintenant, le Président de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique. Il faudra nommer une nouvelle tête et un intérim sera géré d’ici là. Il est considéré comme appartenant au Parti socialiste.
Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation
Elle était déjà dans le Gouvernement précédent, elle fait partie des rares « survivants » du Gouvernement de Gabriel Attal.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur
On ne présente plus l’inénarrable sénateur de la droite conservatrice. Il en était à son troisième mandat, membre de de la commission des affaires culturelles mais surtout, patron du groupe LR au Sénat. Il laisse donc un fauteuil en or massif et quand il reviendra au Sénat, il n’est pas garanti qu’il retrouve son poste de patron.
Anne Genetet, ministre de l’Education nationale
Les expatriés connaissent bien Anne Genetet puisqu’elle est député de la onzième circonscription des Français établis hors de France. Membre de la commission de la défense, elle est aussi conseillère municipale d’Escamps. Elle avait été rapporteure sur la proposition de loi visant à faire évoluer la gouvernance de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger et à créer les instituts régionaux de formation et il s’agit de son troisième mandat de député.
Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
Lui aussi peut se vanter d’avoir survécu à la dissolution et récupère le prestigieux Quai d’Orsay. Son départ permettra le retour de la député Anne Bergantz, qui avait déjà été présente sous la dernière législature. Mais, sa nomination pose une difficulté : il va falloir organiser une nouvelle élection au sein de la commission des affaires étrangères, puisqu’il en était le président. Avis aux candidats, c’est le moment de vous manifester dans les boucles de députés.
Rachida Dati, ministre de la Culture et du Patrimoine
Elle va devoir se pencher sur le dossier de l’audiovisuel et surtout, peut-être réussir à ouvrir le dossier concernant l’information, projet de loi qui devait arriver en début d’année 2025 et qui a fini à la poubelle grâce à la dissolution. Rachida Dati fait partie des gens qui ont réussi à sauver leur poste.
Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens combattants
Lui aussi fait partie des anciens ministres et il garde le même portefeuille.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques
Elle a fait les choses à l’envers si on peut dire les choses ainsi : d’abord ministre, elle avait décroché son premier mandat de député en juillet 2024. Sa suppléante a déjà eu le temps de se pencher sur les dossiers vu qu’elle est aussi sa collaboratrice parlementaire, ce qui est une façon intelligente de travailler. Elle laisse son poste de secrétaire de la commission des affaires économiques. Elle est considérée comme faisant partie de la gauche de la majorité présidentielle.
Antoine Armand, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie
Son nom avait circulé mais, nous n’avions pas réussi à obtenir une confirmation, d’où notre prudence. C’est finalement lui qui récupère Bercy. Il en était à son second mandat de député et bizarrement, alors qu’il n’avait jamais été rapporteur lors de son premier mandat du moindre texte, il a réussi à se faire élire président de la commission des affaires économiques. Comme pour Jean-Noël Barrot, son départ va aiguiser les appétits.
Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins
C’est la deuxième vice-présidente du Modem, vice-présidente de la commission de la défense, médecin allergologue de profession. Elle en est à son troisième mandat de député mais, ayant toujours été ministre, elle n’avait jamais pu siéger, laissant la place à la Fabien Lainé que les habitués du Palais Bourbon connaissent déjà bien.
Paul Christophe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes
Il est le représentant d’Horizons. C’est son troisième mandat de député et il a une longue expérience sur tout ce qui touche aux dossiers sociaux. Il a été rapporteur de la proposition de loi visant à améliorer le repérage et l'accompagnement des personnes présentant des troubles du neurodéveloppement et à favoriser le répit des proches aidants, celle visant à renforcer la protection des familles d’enfants touchés par une affection de longue durée, une autre visant à faire évoluer la formation de sage-femme, etc. Si on osait, on irait jusqu’à dire qu’avec Didier Migaud, il incarne une certaine aile gauche. Lui aussi est président de commission : celle des affaires sociales. Encore une élection à prévoir.
Valérie Létard, ministre du Logement et de la Rénovation urbaine
Elle représente l’UDI dans le Gouvernement. Elle a longtemps été sénatrice et même vice-présidente du Sénat. Devenue député en 2024, elle siégeait chez LIOT. L’un des textes dont elle a été rapporteure est la proposition de loi visant à réduire le coût du foncier et à augmenter l'offre de logements accessibles aux Français mais aussi celle tendant à favoriser l'habitat en zones de revitalisation rurale tout en protégeant l'activité agricole et l'environnement.
Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt
C’est une parlementaire très expérimentée qui entre au Gouvernement même si son profil nous laissait penser qu’elle prendrait plutôt le ministère de l’Éducation nationale. Elle était redevenue vice-présidente de l’Assemblée nationale et à ce poste, elle était respectée. Toute la question va être de savoir si le Rassemblement national va en profiter pour pousser une candidature ou continuer à jouer les victimes.
Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi
Elle avait réussi à sauver son siège en 2024, membre de la commission des affaires étrangères et elle faisait partie des cadres du parti du Président de la République.
Gil Avérous, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative
Maire de Châteauroux, il est l’un des rares dans les ministres de plein portefeuille à ne pas être parlementaire.
Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Tout comme Mme Genevard, Patrick Hetzel est un parlementaire expérimenté, qui en est à son quatrième mandat de député. Tout comme elle, il a un profil très conservateur mais, tout comme elle, il est affable. Membre de la commission du développement durable, il continuait à assurer des heures d’enseignement dans un établissement supérieur.
Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique
Après avoir été ministre du logement, il était redevenu député pour commencer un troisième mandat. Peut-être que c’est sa fonction de rapporteur sur le projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique qui lui a valu cette nomination.
François-Noël Buffet, ministre auprès du Premier ministre, chargé des Outre-mer
On retourne au Palais du Luxembourg avec François-Noël Buffet. Il menait tranquillement son troisième mandat de sénateur, à la tête de la commission des lois. Il va falloir lui trouver un remplacement et on ne serait pas étonné que Philippe Bas se porte candidat.
Laurent Saint-Martin, ministre auprès du Premier ministre, chargé du Budget et des Comptes publics
Il avait député du Val-de-Marne entre 2017 et 2022 mais avait échoué à se faire réélire. Il revient par la grande porte, fort de son expérience passée de rapporteur général de la commission des finances. Depuis 2022, il était revenu dans le privé, en prenant la tête de Business France.
Benjamin Haddad, chargé de l’Europe
Il avait réussi à conserver son mandat de député après la dissolution et durant son premier mandat, avait été rapporteur de la proposition de loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne en matière de prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne.
Nathalie Delattre, chargée des Relations avec le Parlement
C’est une autre membre d’importance qui va quitter le Sénat pour rejoindre le Gouvernement Barnier 1. Vice-présidente de la commission des lois, elle est secrétaire générale du Parti Radical et avait été rapporteure d’une proposition de loi tendant à améliorer la lisibilité du droit par l'abrogation de lois obsolètes.
Maud Bregeon, porte-parole du Gouvernement
Déjà ministre sous la précédente législature, elle avait été réélue député et cette fois-ci, elle devient porte-parole*.
Marie-Claire Carrère-Gée, chargée de la Coordination gouvernementale
Secrétaire de la commission des finances, c’est surtout une élue locale parisienne, qui expérimentait son premier mandat de sénatrice depuis 2023.
Françoise Gatel, chargée de la Ruralité, du Commerce et de l’Artisanat
C’est l’autre UDI du Gouvernement : la sénatrice d’Ille-et-Vilaine. Membre de la commission des lois, elle avait beaucoup travaillé sur les questions liées aux collectivités territoriales.
François Durovray, chargé des Transports
Il est président du conseil départemental de l’Essonne et fait partie des rares à ne pas avoir été parlementaire.
Fabrice Loher, chargé de la Mer et de la Pêche
Jamais parlementaire, il est président de Lorient Agglomération et maire de Lorient. Il émarge aussi à l’UDI.
Nicolas Daragon, chargé de la Sécurité du quotidien
Il est maire de Valence.
Alexandre Portier, chargé de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel
Professeur de philosophie, il était devenu député en 2022, réélu en 2024. Membre de la commission des affaires culturelles, il avait été rapporteur d’une proposition de loi portant plan d’urgence pour le recrutement et la formation initiale des enseignants du second degré.
Sophie Primas, chargée du Commerce extérieur et des Français de l’étranger
Vice-présidente du Sénat, elle entamait son troisième mandat de sénatrice. Bien qu’étant membre de la commission des affaires économiques, elle n’est pas sénatrice des Français établis hors de France.
Olga Givernet, chargée de l’Energie
Élue député en 2017, elle avait été réélue en 2022 et 2024. Elle siège à la commission du développement durable.
Marc Ferracci, chargé de l’Industrie
Il faisait partie des « ténors » du parti du Président de la République et avait réussi à nous débarrasser de Joachim Son-Forget dans la sixième circonscription des Français de l’étranger. Lors de son premier mandat, il avait été rapporteur du projet de loi portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi. Suite à un papier dans Blast, il avait été obligé de se retirer de son poste. Il en avait gardé une certaine amertume. Puis, il avait été rapporteur de la proposition de loi visant à lutter contre les discriminations par la pratique de tests individuels et statistiques.
Marie-Agnès Poussier-Winsback, chargée de l’Economie sociale et solidaire, de l’Intéressement et de la Participation
Elle est député Horizons, menant son deuxième mandat et membre de la commission des lois. Elle s’était investie sur les collectivités territoriales.
Marina Ferrari, chargée de l’Economie du tourisme
On l’avoue : on n’avait pas compris pourquoi elle avait récupéré le portefeuille du numérique dans le Gouvernement Attal. Réélue député, elle quitte de nouveau l’Assemblée nationale pour s’occuper du tourisme et cela est cohérent avec son expérience d’élue locale, dans une ville touristique. On verra également le retour de Didier Padey, qui avait déjà siégé lors de la précédente législature.
Agnès Canayer, chargée de la Famille et de la Petite enfance.
Il existe des élus locaux au Havre qui ne sont pas dans le parti Horizons. C’est le cas d’Agnès Canayer, sénatrice, secrétaire de la commission des lois.
Othman Nasrou, chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations
Il est peut-être l’un de ceux que le grand public connaît le mieux, dans la mesure où il s’agit d’un habitué des plateaux TV. Fervent soutien de Valérie Pécresse, il est vice-président du conseil régional d’Île-de-France.
Thani Mohamed Soilihi, chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux
C’est une des figures du Sénat. Représentant Mayotte depuis trois mandats, vice-président de la commission des lois, il était membre du Parti socialiste jusqu’en 2017, avant de rejoindre le parti présidentiel.
Laurence Garnier, chargée de la Consommation
Elle est classée dans la droite très conservatrice. Membre de la commission des affaires culturelles, elle effectuait son deuxième mandat de sénatrice.
Salima Saa, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes
Elle est peut-être celle qui se rapproche le plus de la société civile, dans le sens où elle n’a jamais occupé le moindre mandat. Néanmoins, elle a été préfète et s’était investie aux côtés de Bruno Le Maire en 2016.
Clara Chappaz, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique
C’est la seule véritable prise société civile de ce Gouvernement : elle a été directrice de French Tech de 2021 et 2024.
Un Gouvernement condamné à réussir
Au-delà des éléments professionnels, si la majorité des personnalités nommées sont des politiques d’expérience et de terrain, ils sont surtout issus de la droite et de la coalition présidentielle. En dehors de Didier Migaud, qui vient du Parti socialiste mais dont les fonctions l’ont éloigné de la vie politicienne, il n’y a aucun représentant du Nouveau Front Populaire ni du Rassemblement national.
Doit-on tenir dès à présent en échec ce Gouvernement ? Cela n’est pas dit. En effet, la majorité des entrants laissent des postes : présidents de commissions, vice-présidents de chambres parlementaires, fonctions qui ne retrouveront pas à leur sortie du Gouvernement. Ils ont donc tout intérêt à travailler intelligemment avec toutes les sensibilités parlementaires, afin d’échapper à une motion de censure.
Du côté du calendrier, le premier conseil des ministres du lundi 23 septembre 2024 permettra probablement de dégager une feuille de route gouvernementale, même si Michel Barnier a déjà esquissé quelques points.
Du côté de l’Assemblée nationale, il va falloir procéder à l’élection d’une nouvelle vice-présidente dès l’ouverture de la session, ainsi qu’à des élections au sein de la commission des affaires économiques, des affaires étrangères et des affaires sociales. Au Sénat, il y aura aussi une nouvelle élection à la commission des lois.
C’est peut-être le pari de Michel Barnier : proposer des fonctions à des personnalités expérimentées, qui avaient déjà un certain confort institutionnel, afin de les obliger à réussir, de ne pas avoir accepter un poste pour le perdre sur un coup de menton à la première motion de censure.
Correction du dimanche 22 septembre 2024 à 12 h 55
*Pour une raison inconnue, on a tenu à faire de Maud Bregeon une ministre sous la précédente législature. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs.