La fabrique de la loi : le livre que tout le monde devrait lire

Quand on est journaliste parlementaire — et non journaliste politique — c’est qu’on a décidé qu’on aimait souffrir dans notre travail. Même quand on aime la mécanique parlementaire, il y a toujours un moment où on a un blanc sur un point de procédure, sur la nature d’un texte, sur un délai, sur un acteur ou une commission. 

On le sait : le Parlement n’est pas « lisible » et ce n’est pas une spécialité française. Si vous en doutez, vous pouvez vous plonger dans la lecture de l’équivalent du règlement de l’Assemblée nationale au Parlement danois. Expliquer son fonctionnement n’est pas simple, tant certains éléments ont tendance à dépasser le sens commun. Deux options s’offrent aux personnes qui souhaitent en savoir plus : se gaver de séances au Parlement et plonger dans les quelques manuels de référence sur le sujet ou acheter la fabrique de la loi de Pierre Januel et Vito Marinese. Si vous lisez ce livre, vous avez déjà fait 75 % du travail d’apprentissage, les 25 % pouvant être complétés par la lecture du règlement de l’Assemblée nationale.

Nos deux compères ne viennent pas de nulle part : ils sont passés par l’Assemblée nationale. Ils en connaissent toutes les arcades, tous les pièges, toutes les subtilités. Ce qui ne gâche rien : le livre est bien écrit, c’est-à-dire qu’il n’est pas écrit pour des juristes, des politologues ou des journalistes politiques.

Il est écrit pour que tout le monde puisse comprendre. 

En effet, si le règlement commenté de l’Assemblée nationale est une très bonne référence, il s’adresse principalement aux juristes et à ceux qui manient le Parlement au quotidien — et ont parfois des trous de mémoire. Il est d'ailleurs édité chez un éditeur juridique. Le petit guide de l’amendement, comme son nom l’indique, sert à ceux qui rédigent les amendements. Quant au manuel de survie de l’Assemblée nationale de Jean-Jacques Urvoas, il oscille entre le livre politique et le guide parlementaire. Il manquait un ouvrage, plus généraliste, mais pas moins précis, qui apporte un éclairage bienveillant et pédagogique sur cette maison de fous qu’est le Parlement français. 

Pédagogique, bien écrit, bien structuré, un autre avantage de ce livre est qu’il n’aborde absolument pas les querelles politicardes, qui font les grandes heures de certains médias, mais n’intéressent absolument personne. Avouons-le : il est extrêmement reposant de ne pas savoir ce que pensent les auteurs. On ne se perd pas dans des bisbilles internes des partis. Avec ce livre, on est dans le concret de la fabrique de la loi, celle qui va avoir un véritable impact sur les citoyens. 

Alors, qui doit lire cet ouvrage ? Tout le monde en réalité. En premier, on serait tenté d’ordonner à tous les parlementaires de l’acheter et de l’apprendre par cœur. Il en va de même pour les collaborateurs parlementaires ainsi que pour les journalistes. Le conseil vaut également pour les étudiants en droit, en journalisme ainsi que les étudiants en sciences politiques. Les lobbyistes, cabinets de conseil ou associations, peuvent aussi investir dans cet ouvrage. Mais, plus simplement, ce livre s’adresse à toutes les personnes qui ont envie de comprendre comment on fait la loi. Si vous ne devez acheter qu’un seul livre cet automne, cela peut être celui-ci. 

Vous l’avez compris : le Projet Arcadie vous recommande chaudement ce livre dont on sait qu’il deviendra un ouvrage de référence. 

La fabrique de loi est disponible aux éditions Les petits matins.