La rentrée de la procrastination
On ne dira pas qu’on commence à trouver le temps long. Mais, il serait temps qu’Emmanuel Macron admette qu’il a perdu les élections.
On le savait depuis samedi soir : il devait y avoir un conseil des ministres aujourd’hui, lundi 23 septembre 2024 à 15 h. Comme de coutume, on attendait la convocation pour les demandes d’accréditation. Rien samedi soir, rien dimanche et toujours rien lundi matin. On s’en inquiète. On téléphone.
Les demandes partent à midi, on demande à s’accréditer et on ne s’éloigne pas de l’écran, histoire de ne pas louper le coche. C’est finalement à 14 h que l’Élysée envoie la confirmation de la demande d’accréditation, pour ouverture de la cour d’honneur à 14 h 15.
Et si on arrive après ? C’est exactement ce qui nous est arrivé, car, non, malheureusement, il faut un peu plus que quinze minutes pour aller de Saint-Denis à l’Élysée et quand on est une petite rédaction, on n’a pas forcément le temps ni les moyens d’attendre à proximité de l’Élysée. C’est donc dans les bons derniers qu’Arcadie finit par s’installer dans la cour d’honneur de l’Élysée, sous la pluie.
Au bout de trente minutes, les ministres sortent. Bruno Retailleau ne s’arrête pas, filant sous le parapluie tendu obligeamment par un agent de la maison. Didier Migaud prend le temps de poser et de saluer la foule de journalistes, photographes et autres reporters d’image qui sont venus en masse. Y compris des confrères du Japon et du Portugal. Il s’arrête obligeamment sur le perron, afin d’être protégé de la pluie, mais surtout, il pose seul, ce qui permet de capter une photo exploitable. On ne dira jamais assez la solitude des photographes qui veulent faire une bonne image quand le sujet est entouré d’anonymes.
Les ministres filent à leur voiture de fonction, chacun repartant vers son ministère. Il serait peut-être temps de se mettre au travail.
On file dans la salle de presse de l’Élysée et on attend la porte-parole du Gouvernement pour un débriefing en off.
Pas de compte rendu pour ce premier conseil des ministres et pour cause : Emmanuel Macron a tenu le crachoir pour dire les choses vulgairement. Les éléments de langage nous sont distribués, comme des dragées un jour de mariage et une évidence s’impose : le président de la République croit qu’il a toujours toutes les clefs. Les confrères notent les éléments de langage, les transmettant en direct à leur rédaction.
Le budget ? On ne sait pas. Une politique sur la sécurité ? On ne sait pas. Des projets plus sociaux ? On ne sait pas. Tout au plus apprend-on que le Premier ministre va s’entretenir avec les parlementaires d'ici à la fin de la semaine et qu’il va rencontrer les partenaires sociaux. Pas de « photo de famille » non plus, avec tous les membres du Gouvernement pour le moment. On verra plus tard. Ou pas.
On en vient à douter que Michel Barnier ait ouvert la bouche et que la porte-parole du Gouvernement soit bien celle du Gouvernement, et non du président de la République. Il n’y a pas de projet, il n’y a pas de programme, même pas l’esquisse d’une déclaration de politique générale. Auprès d’un conseiller de l’Élysée, on tente. Après tout, on n’était pas venu seulement pour le plaisir de ruiner un brushing sous la pluie battante. Le Premier ministre pourrait-il inscrire en procédure accélérée la proposition de loi d’Olivier Falorni ? Après tout, le texte avait le soutien de 83 % des Français et faisait l’objet d’un consensus. Élégance et intelligence de l’auteur : il a repris tous les amendements qui avaient été adoptés. Ne serait-ce pas une bonne façon de montrer une volonté de travailler ensemble, de réconcilier les Français qui ne se retrouvent pas dans ce gouvernement ? Le conseiller botte en touche et nous renvoie vers Matignon.
Cette phrase, on sent qu’on va beaucoup l’entendre. Quand sera le prochain conseil des ministres ? Vraisemblablement, le mercredi 2 octobre 2024. Reste à savoir si d’ici là, on y verra plus clair.