Le RN pratique les ingérences étrangères en Espagne

Les parlementaires RN sont désormais très à l’aise pour dicter la politique à un Premier Ministre, même quand celui-ci est espagnol. - Copyright : AFP/François Walschaerts
Les parlementaires RN sont désormais très à l’aise pour dicter la politique à un Premier Ministre, même quand celui-ci est espagnol. - Copyright : AFP/François Walschaerts

Les députés européens peuvent, comme les parlementaires français, poser des questions écrites à ce qui fait office de Gouvernement. Généralement, ils ne s’en privent pas et particularité du Parlement européen : les questions peuvent être groupées. En effet, une question peut être posée par plusieurs députés — souvent issus du même groupe parlementaire — ce qui renforce son poids politique. Notons également que cela permet de gagner « des points » dans le bilan de l’activité parlementaire. 

Anne-Sophie Frigout, éphémère député à l’Assemblée nationale, est devenue député européen en juin 2024. Elle a posé une question, avec les autres membres du groupe Patriotes pour l’Europe, sur la régularisation des migrants en Espagne

En effet, l’Espagne a décidé d’assouplir les conditions de régularisation pour un certain nombre de personnes. Rien d’étonnant pour qui suit l’actualité espagnole : Pedro Sánchez — le Premier Ministre espagnol — a indiqué qu’il souhaitait que l’exécutif soit un exemple en matière de politique migratoire et de protection internationale dans l’Union européenne*. 

La ministre de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et de la Migration, Elma Saiz, finalise une réglementation sur l’immigration, facilitant la régularisation des personnes, présentes sur le territoire espagnol et remplissant certaines conditions

Pour les députés du groupe Patriotes pour l’Europe « l’augmentation des régularisations risque d’encourager l’exploitation des migrants et la prolifération des réseaux criminels, comme le démontre le démantèlement en juin 2024 d’un vaste réseau de faux contrats de travail » et ajoutent « En plus de créer un appel à l’immigration, ces régularisations, décidées de manière unilatérale, permettent aux migrants de circuler librement au sein de l’espace Schengen ».

Ils appellent donc la Commission à vérifier si ces nouvelles règles « sont conformes aux attentes des Européens ». 

Il est assez cocasse de voir les députés européens d’extrême-droite s’ingérer dans ce qui relève de la souveraineté d’un autre État. On vérifiera si leurs collègues d’hémicycle espagnols poseront à leur tour des questions sur des thématiques relevant de la seule compétence de la France, sur son sol. Il est assez peu probable que Pedro Sánchez se fasse dicter sa conduite par le RN, au contraire de Michel Barnier. 


* La Monclea, en tant que bâtiment, est l'équivalent de Matignon en Espagne.