Le top et le flop de la semaine — édition du 8 novembre 2024
Ce n’est pas parce qu’il y a des ponts que les députés font des économies d’âneries. Mais, cette semaine, nous avons aussi des « bons » élèves.
Stéphane Vojetta : celui qui a tenu parole
Après son élection, Stéphane Vojetta avait écrit et publié un livre sur sa campagne électorale, dans lequel il raconte comment il a dû se confronter à Manuel Valls. Au moment de la sortie, il avait promis de reverser les bénéfices du livre à une association.
Chose promise, chose due : il a effectué cette semaine un virement, au profit de la Société Française de Bienfaisance de Valence (Espagne). Cela fait suite aux très fortes intempéries qui ont touché la péninsule et causé des dommages qu’on ne parvient pas encore à dénombrer.
Raphaël Arnault : le « bad boy » sage comme une image
On doit vous faire une confession : en début de XVIIe législature, un pari a circulé au Palais Bourbon, pour savoir qui serait le premier à se faire remarquer, dans le mauvais sens du terme. Parmi les noms qui ont circulé, il y avait Raphaël Arnault. Pourtant, une source bien informée, à qui on avait donné les pronostics, nous avait mis en garde « tu verras qu’il sera sage comme une image ».
Notre source avait raison : celui dont on attendait le pire s’avère être un député paisible, travailleur et aimable. Pour le moment, pas un mot plus haut que l’autre et cependant, il peut se vanter de susciter des réactions et même des propositions de loi contre lui.
Un confrère du Point a néanmoins trouvé des députés pour dire du mal de ce dernier, dans un article assez alambiqué. La plupart des députés, mis en cause dans les médias, ont tendance à dégainer leurs avocats et leurs diverses assignations, plus vite que leurs ombres.
Qu’a fait Raphaël Arnault ? Il s’est contenté d’un laconique tweet « Mais… je fume même pas. On vous a connu plus convaincaint dans vos mythos polémiques Le Point » (sic !) suivit d’un autre « Ou alors je suis un lama on sait pas ».
On ne sait pas exactement quels sont les députés manifestement très apeurés par Raphaël Arnault, qui tient physiquement plus de la crevette que du gorille sous stéroïdes, mais, il a au moins démontré qu’il avait un certain sens de l’humour.
François Hollande : pourquoi êtes-vous là ?
Surprise ! La semaine dernière, François Hollande nous a honorés de sa présence en hémicycle. C’est bien. Il a même participé aux scrutins et enfin ouvert la bouche en séance publique. Pour un rappel au règlement. C’est vrai que ce n’est jamais que son cinquième mandat de député, il lui faut du temps pour prendre ses marques.
Par contre, il n’a pas perdu son goût pour les médias. Ainsi, nos confrères du Canard Enchaîné, citant nos confrères du Nouvel Obs, nous rapportent cette perle. François Hollande, parlant de la commission des affaires étrangères « Il y a Marine Le Pen, Éric Ciotti, Sophia Chikirou… Je me suis demandé pourquoi je m’infligeais cela ».
Vu qu’il n’a pris la parole qu’une seule fois dans ladite commission, on a compris qu’il ne s’infligeait pas grand-chose.
François Hollande : pourquoi êtes-vous là (bis) ?
À défaut de déborder d’activité à l’Assemblée nationale, François Hollande court les médias, les journalistes — objectif : casser les pieds d’Olivier Faure pour lui piquer la tête du PS — et se lance dans son propre podcast, intitulé « un président devrait écouter ça ».
Des députés qui soignent leurs médias, on a l’habitude. Des députés qui investissent les nouveaux médias, on connaît. Mais, un ancien président de la République, redevenu simple député, a-t-il vraiment besoin de se faire connaître ?
Car, le travail parlementaire n’est pas des plus productifs pour le moment et ça commence à se voir.
Éric Ciotti : l’autre déserteur
Il n’a échappé à personne que les rangs de l’hémicycle, surtout vers la droite, étaient un peu vides ces derniers jours. À croire que le budget n’intéresse que la gauche et une partie de l’extrême-droite. C’est qu’il faut bien essayer d’exister médiatiquement et après avoir fait des appels du pied, assez pathétique à Donald Trump sur Twitter, Éric Ciotti s’est rendu chez Cyril Hanouna.
On ne veut déprimer personne, mais le cheval de bataille de Donald Trump est « America First ». En bon français : l’Amérique d’abord. Ce qui peut se traduire par des augmentations des taxes pour les produits venant de l’étranger.
Devinette : quel est le produit français qu’on importe aux États-Unis ? Le vin. On importe d’autres choses, mais vu les déclarations d’affection enfiévrées qu’on a pu entendre lors du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, on sait que les députés accordent une attention toute particulière à la filière viticole.
Peut-être qu’Éric Ciotti n’aime pas spécialement le vin. Mais alors, pourquoi déclare-t-il régulièrement son amour au vin ? Si Donald Trump veut proposer un poste dans son administration en janvier à Éric Ciotti, on est prêt à lui en faire cadeau.
Le vin, cet amour toxique
On vous souhaite de trouver quelqu’un qui vous aime autant que les parlementaires aiment la filière viticole. En début de semaine, les députés poursuivaient l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Après l’article 9, les députés ont examiné une série d’amendements divers, dont une série visant à rehausser la fiscalité sur les boissons alcoolisées, dont le vin.
C’est une subtilité de notre droit : en fonction du degré d’alcool, la taxation diffère et une vodka sera plus taxée qu’une bouteille de vin. Sans que l’on comprenne bien pourquoi, le rapporteur Yannick Neuder nous a expliqué qu’il n’y avait pas de jeunes qui s’alcoolisaient au Châteauneuf du pape.
On n’a pas vraiment compris le raisonnement, d’autant que l’alcoolisme ne concerne pas que les jeunes et qu’on soit ivre avec du vin ou de la vodka, il n’y a pas de différence à l’arrivée.
Les amendements ont été rejetés et on a montré une fois de plus que la consommation d’alcool restait un tabou.
Emmanuel Fouquart : le député qui ne sait pas lire un budget
Les députés examinent aussi la seconde partie du projet de la loi de finances pour 2025. Dans les amendements déposés par le groupe de La France Insoumise, il y en a un qui propose un changement d’affectation du budget de l’Élysée vers l’Assemblée nationale. Plus précisément, l’amendement visait à augmenter la rémunération des collaborateurs parlementaires.
Les collaborateurs parlementaires ne sont pas des fonctionnaires. Ce sont des salariés de droit privé. Chaque député dispose d’une enveloppe brute d’approximativement 10 000 € pour rémunérer l’ensemble de son équipe. La majorité des députés ont deux à trois collaborateurs. La rémunération médiane est autour de 2000 € - 2 500 € brut. Si cela peut sembler important, pour Paris, c’est peu au regard des loyers et on ne parlera même pas des territoires ultramarins où un pack d’eau peut coûter 8 €. Les collaborateurs parlementaires n’ont pas de véhicule avec chauffeur ni de logement de fonction.
Mais, Emmanuel Fouquart s’est quand même permis de délirer sur cet amendement, publiant un visuel disant « en commission des finances la France insoumise veut augmenter les députés – coût pour les Français 3 000 000 € », laissant sous-entendre que c’était le « salaire » des députés que ces derniers voulaient augmenter, ce qui n’est absolument pas le cas.
On ne sait pas quel est le génie qui a publié ce visuel, mais, on lui conseille d’apprendre à lire les exposés des motifs des amendements avant.
Raphaël Arnault : parfois, il vaut mieux se taire
Lorsque cet article a été écrit, il n'y avait rien à reprocher à Raphaël Arnault. Les choses peuvent changer en quelques heures. Hier soir, lors d'un match de football à Amsterdam, des actes de violences ont été commis contre des supporters israéliens. Plusieurs personnes ont été blessées dans ces violences qualifiées "d'explosions antisémites" par le maire de la ville, Femke Halsema. Des personnes ont frappé des supporters de l'équipe Maccabi Tel-Aviv avant de prendre la fuite, avec des hooligans sur des scooters à la recherche de supporters israéliens.
Qu'a fait Raphaël Arnault ? Il a tweeté de manière ambiguë, laissant sous-entendre que les supporters l'avaient cherché. Les faits nous ont paru suffisamment graves pour justifier de mettre à jour cet article, ce vendredi 8 novembre 2024 à 15 h 15. Rien ne justifie jamais les violences.