Les conséquences pratiques de la disparition du groupe écologiste

la fin du groupe écolo

Au-delà du caractère symbolique, l’annonce du départ de certains députés du groupe écologiste à l’Assemblée Nationale a pour effet d’acter la disparition de ce dernier.

En effet, nous avons déjà parlé, il faut un nombre minimum de députés pour former un groupe, à savoir 15. Quelles seront les conséquences de cette disparition ?

Les premières victimes collatérales de cette dissension partisane vont être les collaborateurs. En effet, chaque député dispose d’un crédit pour la rémunération de ses collaborateurs « personnels » mais chaque groupe peut recruter des collaborateurs qui travailleront pour le groupe dans son ensemble.  Ces collaborateurs sont rémunérés grâce à une contribution de l’Assemblée Nationale aux frais de secrétariat ainsi que par des participations consenties par chaque député, prélevés sur son crédit collaborateur. Dans la mesure où le groupe disparait, les collaborateurs de groupe risquent de se retrouver au chômage, sauf à ce qu’ils soient intégrés dans un autre groupe.

Autre conséquence : la disparition de la sensibilité écologiste au sein de la conférence des présidents. Comme vous le savez, la conférence des présidents est une réunion réunissant tous les présidents de groupe et de commissions permanentes, les membres du bureau de l’Assemblée Nationale, du rapporteur général de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire ainsi que du président de la Commission des affaires européennes. Cette entité fixe l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale, examine les propositions de loi, reçoit les éventuelles contestations, etc. Bien que le groupe écologiste soit un groupe minoritaire, en vertu de l’article 48 alinéa 8 du règlement de l’Assemblée Nationale, il disposait de prérogatives non négligeables comme l’inscription de droit à l’ordre du jour de débat sans vote, de séance de question portant sur un rapport, etc.

Les députés ex-écologistes vont également devoir réfléchir à leur propre avenir au sein de la Chambre Basse. Ils ont deux options : trouver des députés pour remplacer ceux qui quittent le groupe, ce qui permettrait de le sauver et d’éviter le licenciement des collaborateurs ou se greffer à un groupe minoritaire. Il semblerait que le groupe RRDP ait fait des appels du pied pour que les écologistes les rejoignent, mais si on regarde les dernières prises de position du groupe d’avec celui de certains écologistes, on se figure mieux Sergio Coronado et Isabelle Attard dans le groupe GDR que dans le groupe RRDP.

Par ailleurs, certains députés vont se perdre dans la masse du groupe s’il rejoigne le groupe SRC : il est plus facile de se distinguer dans une cellule d’une dizaine de membres que dans une masse de 284 personnes et les députés qui avaient des responsabilités particulières au sein du groupe vont devoir réapprendre à se faire plus discrets, voire plus humbles. Vu l’atmosphère qui régnait au groupe écologiste ces dernières semaines, une petite cure d’austérité médiatique ne serait peut-être pas superflu.

Enfin, de façon moins « assemblée-centrique », les députés écologistes vont devoir faire de véritables choix idéologiques s’ils comptent se présenter de nouveau à la législative 2017. Or, le parti EELV souffre – comme les autres d’ailleurs – d’une hémorragie d’adhérents, mettant sérieusement en difficulté ses finances. À quel parti les députés du désormais ex-groupe écologiste vont-ils se rattacher financièrement ? Vont-ils renouveler leur confiance au parti ? Rien n’est moins sûr.     

Il est extrêmement dommageable que ce groupe n’ait pas survécu à la XIVe législature malgré la bonne volonté et le travail acharné de certains députés et collaborateurs. Pour ce que ça vaut, j’exprime mon soutien aux collaborateurs qui risquent de se retrouver sans emploi du fait de la guerre d’ego de certain(e)s. 

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