Mettre la jeunesse dans la rue : mode d'emploi

Nos confrères de Politis ont mis la main sur un document qui pourrait mettre toute la jeunesse de France et de Navarre dans la rue : la généralisation du Service National Universel (SNU). 

Dans les grandes lignes, le SNU se ferait sur le temps scolaire. Il s'agirait - comme actuellement - d'un séjour de 12 jours, en dehors du département de résidence des enfants, sans téléphone portable, Les enfants se lèveraient à 6 h 30, coucher à 22 h 30 avec diverses activités dans la journée, dont la levée du drapeau, chanter la Marseillaise, etc. 

Dépourvu du moindre intérêt pédagogique, la généralisation du SNU ne s'accompagnerait finalement pas de facilités d'obtention du permis de conduire - sésame obligatoire pour décrocher un emploi - ou du BAFA - brevet d'aptitude pour encadrer les colonies de vacances. 

Par ailleurs, la note dont Politis fait mention comporte deux bombes sociales : les enfants devront se rendre sur leur lieu de "séjour" par leurs propres moyens. Il reviendra donc aux parents de payer le SNU. La seconde bombe sociale est le coût : 2 milliards d'euros par an. Le repas à 1€ pour tous les étudiants - proposition de loi du groupe socialiste - coûtait trop cher pour la ministre de l'Enseignement supérieur : 90 millions d'euros. 

Politis revient également sur les aspects logistiques d'une telle aberration et précise également qu'un changement devra passer devant le Parlement. On comprend très mal l'objectif d'un tel plan, qui n'est qu'un ersatz de formation militaire, qui coûtera très cher aux familles, aura un coût vertigineux pour les finances de l'État et ne présente aucun intérêt pédagogique pour les enfants. 

S'il fallait donner une raison supplémentaire à la jeunesse pour se mobiliser, le Gouvernement vient de leur en donner une. 

Mise à jour du vendredi 3 mars 2023 à 19 h 40 : toujours selon nos confrères de Politis, il serait envisagé de rendre obligatoire le SNU, sous peine de ne pas pouvoir passer le baccalauréat, le permis de conduire ou d'entrer à l'université. Un élève qui n'aurait pas fait son service universel obligatoire ne pourrait pas passer le baccalauréat, passer son permis de conduire ou entrer à l'université pendant cinq ans. Tel qu'envisagé, le SNU concernerait aussi les élèves scolarisés à domicile, qui passe le baccalauréat en candidat libre (par exemple). Or, cela relève de la liberté pédagogique des familles, que la réforme viendrait percuter. 

En dehors des questions budgétaires, une question reste sans réponse : qu'en sera-t-il pour les enfants expatriés ? Devront-ils réaliser ce SNU s'ils sont scolarisés dans les établissements français ? Si oui, où et dans quelles conditions ?