Première motion de censure pour le Gouvernement Barnier 1

On ne perd pas les bonnes habitudes : une motion de censure sera à l'ordre du jour la semaine prochaine.
On ne perd pas les bonnes habitudes : une motion de censure sera à l'ordre du jour la semaine prochaine.

Certains esprits taquins avaient relevé qu’Arcadie utilisait l’expression « Gouvernement Barnier 1 » pour parler de la nouvelle équipe de l’exécutif. 

Sans aller jusqu’à dire qu’on dispose d’un don de double vue — qui nous serait pourtant très utile — on admettra qu’on ne donne pas très cher du Gouvernement actuel. Les paris sont ouverts : il tiendra au moins le temps du budget.

Mais, certains sont déjà prêts à batailler et sans surprise, nos fantassins viennent de la gauche. Il faut dire que le recadrage de Michel Barnier envers Antoine Armand passe mal. Explications : ce matin, Antoine Armand disait qu’il ne considérait pas que le RN faisait partie de l’arc républicain. Marine Le Pen a fait savoir son mécontentement. Rappel à l’ordre quasi immédiat du Premier ministre, qui a admonesté Antoine Armand et rassuré Marine Le Pen. 

À gauche, c’est peu dire qu’on ne goûte pas spécialement le nouveau Gouvernement. Qu’on se rassure : au « centre » (Ensemble pour la République, MoDem, Horizons), on n’est pas vraiment fan non plus. Si on attend avec gourmandise les futurs échanges entre Anne Genetet et les syndicats enseignants, la nomination de Maud Bregeon en porte-parole du Gouvernement amène quelques sourires ironiques « peut-être qu’elle va apprendre à dire bonjour maintenant qu’elle est ministre ». Tout un programme. 

Quoi qu’il en soit, selon nos informations, durement et vaillamment récoltées en salle des quatre colonnes, une motion de censure sera déposée pour la semaine prochaine. À moins que Michel Barnier ne fasse une proposition fracassante dans sa déclaration de politique générale, qui serait de nature à calmer la gauche, il y a peu de chances qu’il y échappe. Reste à savoir quand elle sera à l’ordre du jour, mais, à ce stade, c’est du détail.  

Michel Barnier doit faire sa déclaration de politique générale mardi 1ᵉʳ octobre 2024, à partir de 15 h. Ce qui donne une motion de censure programmée pour jeudi ou vendredi, cela doit être arbitré en conférence des présidents. 

À ce stade, on ne pense pas qu’elle sera votée en dehors de la gauche, les autres groupes laisseront certainement quelques semaines au Gouvernement pour montrer sa bonne foi. Mais, après ? Car, les députés veulent reprendre le travail. Certains ont déjà déposé des propositions de résolution pour recréer les commissions d’enquête parlementaires qui ont été sacrifiées sur l’autel de la dissolution, Olivier Falorni veut que les travaux reprennent sur la fin de vie, Inaki Echaniz sur la question du logement, etc. Quant au MoDem, il ne lâche pas l’affaire sur les questions fiscales, notamment sur une taxation plus adaptée des entreprises qui réalisent de très gros profits. 

Il ne faudra pas trop compter sur la mansuétude excessive des députés de la majorité présidentielle, car, il y a un éléphant dans la pièce en la personne de Bruno Retailleau. Ses prises de parole spécialement concernant l’Aide Médicale d’État passent mal, très mal. D’autant qu’en 24 h, il a enchaîné les passages média, au point qu’on se dit qu’il y a un Premier ministre, un vice-premier ministre et une vice-première ministre de l’ombre : Marine Le Pen. 

Le RN a beau s’imaginer être faiseur de rois, la réalité comptable est tout autre. Le groupe n’a que 126 députés. En admettant qu’il compte avec le microgroupe d’Éric Ciotti, cela fait 142 députés. En étant optimiste, on peut ajouter les députés LR, soit un total de 189 députés. Il faut 289 députés pour faire tomber un Gouvernement. À se demander pourquoi Michel Barnier donne autant de gages à des gens qui n’ont tout simplement pas les moyens de le faire tomber. 

On aura peut-être la réponse la semaine prochaine.