Qui sont les députés européens de cette élection 2024 ?
Sur les 81 députés européens qui représenteront la France au Parlement européen, un peu plus de la moitié sont des inconnus ou presque. Radioscopie de ces primodéputés.
Des sortants qui conservent leur siège
Premier constat : sur 81 députés européens, 35 ont réussi à sauver leur siège. La majorité d’entre eux — 30 précisément — en étaient à leur premier mandat de député européen. Quatre en étaient à leur deuxième et un député finissait son troisième mandat. Il s’agit de Younous Omarjee, qui effectue donc son quatrième mandat de député européen et fait figure de doyen, sur le plan de l’expérience, parmi les députés européens français.
Des députés européens majoritairement entre deux âges
Sans surprise, les députés européens français sont principalement dans la tranche d’âge comprise entre 50 et 59 ans — 29,36 % du cortège. Ce sont ensuite les trentenaires qui sont à 24,69 %, suivis des quadragénaires à 22,22 %.
Emma Fourreau est la plus jeune député européen représentant la France et Bernard Guetta le plus âgé avec 73 ans.
Parité quasiment parfaite
En 2000 a été adoptée la loi sur la parité en politique, joliment surnommée « loi chabadabada* » : dans les élections sur listes, un homme et une femme doivent être présents. Dès lors sur les élections européennes, la parité est quasiment parfaite.
Il y a 41 députés européennes et 40 députés européens.
Des députés européens majoritairement CSP++
La majorité des députés européens sont issus des catégories socioprofessionnelles les plus favorisées : cadres supérieurs du secteur privé, cadres dirigeants de la fonction publique, cadres des relations publiques et de la communication, chefs d’entreprise, etc. On compte quelques élus issus de ce que l’INSEE classe dans les professions intermédiaires et aucun ouvrier.
Curieusement, la représentativité sociale et professionnelle des députés européens n’est jamais questionnée en France, alors qu’elle l’est systématiquement lors des élections législatives.
Dans le détail, 57 députés européens français appartiennent au secteur privé, 23 au secteur public et une ne rentre dans aucune catégorie. Il s’agit d’Emma Rafowicz, qui est encore étudiante.
Dix-neuf appartiennent à la catégorie des cadres des relations publiques et de la communication et c’est d’ailleurs la catégorie la plus forte chez les eurodéputés. Viennent ensuite quatre cadres chargés d’études économiques, financières et commerciales dans les entreprises et quatre cadres de direction de la fonction publique, quatre enseignants du secondaire et quatre personnes exerçant un mandat politique ou syndical.
Des députés européens adeptes du cumul des mandats
L’autre fait majeur dans ces nouveaux arrivants est la proportion de ceux qui sont déjà élus. 53 ne cumulent avec aucun mandat local, ce qui en fait la majorité.
Vingt-huit des députés européens nouvellement élus cumulent avec un mandat exécutif local.
Julien Sanchez (RN) est ainsi au conseil régional d’Occitanie, à la communauté de communes de Beaucaire Terre d’Agence et maire de Beaucaire. Au sein du parti, il est aussi membre du bureau exécutif, vice-président en charge des élus, membre du bureau national, membre du conseil national et membre de la commission nationale d’investiture.
Lui, comme Pierre Jouvet et Isabelle Le Callennec devront remettre leur démission en tant que maire.
C’est d’ailleurs le Rassemblement National qui envoie le plus de députés européens cumulards à Strasbourg et à Bruxelles, mais aussi, le plus d’apparatchiks.
Des élus d’appareil
Reconquête ! envoie tous ses membres d’appareil, mais ils ne seront que cinq. Ce qui est flagrant dans les profils des élus du Rassemblement National est qu’ils sont dans leur immense majorité, membres des organes décisionnels du parti. À l’exception des « prises de guerre » médiatique comme Malika Sorel, Fabrice Leggeri ou encore Matthieu Valet, la majorité des députés européens issus du Rassemblement National ne sont pas de simples membres du parti.
Dès lors, on peut voir une forme de promotion pour ces élus : ils ont travaillé au sein du parti, ils ont été récompensés par une position éligible pour le scrutin européen. On remarque également que ces personnes s’étaient déjà présentées lors des élections législatives de 2022.
C’est beaucoup moins vrai dans les autres partis, même si Les Républicains, grâce aux positions éligibles ou non, envoient aussi un gros contingent de chapeaux à plumes.
Les prochaines étapes : le groupe et les commissions
La question des groupes n’est pas une inconnue, même si elle n’a pas été répercutée sur les fiches. En effet, il est préférable d’attendre la publication officielle sur le site du Parlement européen.
Pour mémoire, les cinq élus Reconquête ! iront au groupe ECR. Les trente députés du Rassemblement National siégeront dans le groupe ID. Les treize députés de la coalition Renew ont leur propre groupe. La France Insoumise rejoindra le groupe de la Gauche. Les élus écologistes seront chez les Verts et les élus du parti Les Républicains seront au PPE.
C’est d’ailleurs ce groupe qui compte le plus de membres à l’issue de ce scrutin et toute la question sera de savoir quel sera le poids final de chacun des groupes au sein du Parlement européen.
Reste la question des commissions permanentes. Contrairement à l’Assemblée nationale où chaque député ne peut appartenir qu’à une seule commission permanente, les eurodéputés peuvent intégrer plusieurs commissions. Il sera intéressant de voir quels seront les choix des députés nouvellement élus.
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