Convergence des extrêmes-droites : Alexandre Varaut sur la liste RN pour les Européennes
Le grand public ne connaît pas Alexandre Varaut, mais, c’est un personnage qui représente une prise de guerre pour l’extrême-droite. Il est en position éligible sur la liste du Rassemblement National pour les élections européennes de juin 2024.
Avocat de profession, inscrit au Barreau de Paris et ayant son cabinet à proximité de l’Assemblée nationale, il a été député européen durant la Vᵉ législature (1999-2004). Membre du groupe l’Europe des Nations au Parlement européen jusqu’en 2001, il a ensuite émargé chez les non-inscrits. Peu actif, il a principalement travaillé au sein de la commission juridique et du marché intérieur en tant que membre et de la délégation pour les relations avec le Japon. En séance plénière, on ne compte que quinze interventions en cinq ans. Il a déposé une seule proposition de résolution, une seule question et une seule déclaration écrite. Voilà pour l’essentiel de son activité à Strasbourg et à Bruxelles et on conviendra que cela est assez maigre.
Mais, ce n’est pas tant pour son ancienne activité en tant que député européen que la prise est intéressante pour le Rassemblement national que pour son positionnement politique. En effet, Alexandre Varaut a d’abord émargé dans le parti de Philippe de Villiers, le Mouvement Pour la France. Puis, en 2004, il rejoint l’UMP. Il se présentera aux élections législatives de 2007, toujours sous l’étiquette UMP et à notre connaissance, il y reste au moins jusqu’en 2013, ayant une proximité idéologique avec Guillaume Peltier. Depuis, ce dernier a rejoint Éric Zemmour et le parti Reconquête !
Alexandre Varaut est aussi l’avocat de Guillaume Peltier, visé par une enquête préliminaire sur l’utilisation de fonds publics. L’affaire est actuellement entre les mains du Parquet National Financier. Il est l’avocat de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires européens, de Frédéric Chatillon, ainsi que de La Manif Pour Tous.
Outre ses amitiés, il s’inscrit dans la droite ligne des mouvements réactionnaires. En 2017, il signe une tribune dans Figarovox « Ce que mon fils porteur de trisomie 21 doit à la fondation Jérôme Lejeune » et dans un livre intitulé « être ou ne pas naître », il indique que le recours à l’avortement pour les parents dont l’enfant serait atteint de trisomie 21 est « un eugénisme à la française ».
C’est donc une prise de guerre pour le RN qui va compter dans ses rangs un homme qui se situe à la convergence des extrêmes droites. Si l’homme n’est pas actif sur les réseaux sociaux — il vient juste de créer son compte Twitter — et ne court pas les médias, le parti devra tout de même répondre à la question de savoir où se situe le RN sur le plan sociétal. En effet, cette semaine, il était manifeste que le groupe n’était pas uni sur la question du droit à l’avortement. Quant aux droits des LGBTI+, là encore, le parti n’est pas à l’unisson. On se souvient de l’association parlementaire anti-wokisme imaginé par deux parlementaires du parti.

Enfin, si Marine Le Pen tente de lisser son image afin d’attirer vers elle, un autre électorat que les ultra-catholiques, la preuve en est qu’ils ont encore leur place au sein du Rassemblement National.
On peut aussi y voir une stratégie vis-à-vis de sa nièce Marion Maréchal, anciennement Marion Maréchal Le Pen, qui elle, dispose d’un réseau auprès des ultra-catholiques. Ayant quitté le RN pour Reconquête, elle tente de les fédérer au sein du parti d’Éric Zemmour et c’est peut-être pour cette raison qu’Alexandre Varaut figure en position éligible sur la liste du Rassemblement National.