Une étude de l’Union européenne montre une dégradation généralisation du pouvoir d’achat des Européens.
L'Europe

Coût de la vie en Europe : un poids de plus en plus lourd pour les ménages

Eurofound est une agence tripartite de l’Union européenne, dont la mission est de fournir des connaissances pour améliorer les politiques sociales, d’emploi et de travail. Le 13 janvier 2025, l’agence a publié une étude approfondie sur la qualité de vie dans l’UE. Les résultats mettent en lumière une réalité préoccupante : l’impact persistant de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine sur le quotidien des Européens.

L’inconnu des revenus

Le gros écueil de cette étude statistique réside dans le niveau de vie et des revenus. Si les personnes interrogées font un état d’une dégradation globale de leur pouvoir d’achat, l’étude ne donne pas les salaires ou les revenus perçus, faisant qu’il est difficile de se faire une idée précise.

Par ailleurs, Eurofound souligne que l’enquête peut avoir un biais. En effet, « les répondants étant invités à répondre à l’enquête en ligne par le biais d’une série de publicités sur les plateformes de médias sociaux. En raison de la nature de la collecte de données, l’enquête en ligne n’est pas représentative de l’ensemble de la population. Les personnes qui n’utilisent pas Internet, n’utilisent pas les médias sociaux ou n’ont pas été invitées par un autre participant ne peuvent pas être contactées par l’enquête en ligne. Comme les répondants s’autosélectionnent en cliquant sur des publicités, l’échantillon est biaisé ».

Dès lors, il faut prendre l’étude publiée avec du recul, car, il ne s’agit pas nécessairement d’un reflet statistique pur tel que pourrait le faire l’INSEE en France.

Un pouvoir d’achat en berne

Malgré une baisse générale de l’inflation, le pouvoir d’achat des ménages européens n’a pas retrouvé son niveau d’avant les crises. En 2024, près de 30 % des citoyens interrogés ont affirmé avoir du mal, voire beaucoup de mal, à gérer leurs dépenses courantes, contre 22 % en 2023. Plus alarmant encore, 10 % des répondants n’ont pas pu régler leur loyer et 15 % se retrouvent avec des arriérés de loyers ou de prêts immobiliers.

Les ménages modestes sont particulièrement touchés, mais la classe moyenne subit également des pressions financières croissantes. Pour les plus précaires, la situation est d’autant plus grave que les retards de paiement viennent aggraver leurs difficultés quotidiennes.

Les jeunes et les femmes en première ligne

L’étude révèle par ailleurs des disparités importantes selon les tranches d’âge et le genre. En Europe, les seniors (plus de 65 ans) sont mieux protégés financièrement que les jeunes actifs. Les moins de 30 ans subissent de plein fouet les contraintes économiques, tandis que les femmes sont plus fréquemment confrontées à l’impossibilité de joindre les deux bouts.

Grèce et France : deux visages de la crise

La Grèce illustre l’ampleur de la crise, avec 55 % de la population déclarant des difficultés financières et 22 % en situation d’« insécurité du logement ». Ce dernier terme désigne la menace imminente de perdre son logement à cause d’impayés ou d’une hausse insoutenable des loyers.

En France, 29 % des personnes interrogées évoquent des contraintes budgétaires sévères, et 8 % se déclarent en insécurité du logement. Les ménages français, à l’instar de leurs voisins européens, se voient contraints de restreindre considérablement leurs dépenses non essentielles.

Les sacrifices de la classe moyenne

Les dépenses jugées accessoires, comme le remplacement de meubles, les loisirs ou les vacances, sont les premières à être réduites. Parmi les tranches d’âge, les 50-64 ans, souvent encore en activité, mais exposés aux licenciements économiques, sont les plus affectés. En 2024, 58 % de cette tranche a renoncé à renouveler leur mobilier (contre 48 % en 2023), 54 % ont abandonné leurs loisirs (contre 43 % en 2023) et 53 % ont fait une croix sur les vacances (contre 42 % en 2023).

Face à ces restrictions, les ménages privilégient les dépenses incompressibles : alimentation, carburant, chauffage et habillement. L’argent réservé aux plaisirs personnels, désigné dans l’étude comme « l’argent à dépenser pour soi », est également en chute libre, touchant particulièrement les relations familiales et amicales.

Une qualité de vie en déclin

Ce tableau dressé par Eurofund illustre une détérioration généralisée de la qualité de vie dans l’Union européenne. Alors que les contraintes économiques pèsent lourdement sur une large partie de la population, les ménages adaptent leurs priorités pour faire face à un contexte marqué par l’incertitude et les difficultés financières.

On constate qu’il y a une dégradation généralisée par rapport aux données de l’année 2023 et que même certains indicateurs sont plus négatifs en 2024 qu’en 2022.