Sous les dorures, des Docs, un parfum de censure et un marathon budgétaire.
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Doc Martens, Vallaud LV2 et marathon budgétaire

Quand on fait à la fois les textes et les photos pour un journal, on a certes beaucoup plus de travail que les confrères, qui sont généralement cantonnés à une fonction, mais, on a un avantage : on peut voir des choses inaccessibles en tribune presse.

Monique Barbut, la ministre détendue

La plupart des membres du gouvernement Lecornu ne sont pas des novices de la politique. La plupart sont ou ont été parlementaires ou ministres. Monique Barbut est l’une des rares de la société civile.

Mais, on peut d’ores et déjà dire que la fonction ne lui monte pas au cerveau, en atteste une paire de chaussures. Alors que ses collègues sont en escarpins ou ballerines, cette dernière a décidé de ne pas se défaire de ses Doc Martens.

Autant dire que cela détonne sur le banc des ministres et cela apporte une certaine fraîcheur dans une institution qui sent parfois la naphtaline.

Pour autant, il y a une chose que ne doit pas faire une ministre : se promener dans les travées de l’Assemblée nationale et Monique Barbut l’a appris à ses dépens.

Monique Barbut, rattrapée par un huissier
Monique Barbut, rattrapée par un huissier

Alors que la séance de questions au gouvernement se terminait, cette dernière s’est tranquillement levée, pour aller saluer Michel Barnier, encore assis à sa place. Elle a été promptement rattrapée par un huissier de séance qui lui a gentiment expliqué qu’on ne pouvait pas faire cela.

Cette saynète a eu le mérite de faire sourire les membres du Palais, par sa spontanéité. Si elle arrive à garder cette sincérité avec les parlementaires, elle pourrait bien gagner des points chez ces derniers.

Censure ou pas censure ?

Au Palais Bourbon, tout le monde a sorti les calculatrices et fait ses paris. Combien de députés manqueront pour la censure du jeudi 16 octobre 2025 ?

Côté écolos, on sait que Delphine Batho et peut-être Dominique Voynet ne suivront pas leurs collègues écologistes dans la censure. À La France Insoumise, tout le monde votera la censure. Même chose au Rassemblement national et à l’UDR.

Au groupe LIOT, la liberté est de mise, personne n’a les chiffres et chez les socialistes, quelques « frondeurs » dont Paul Christophle voteront la censure.

Les habitués des quatre colonnes estiment que le vote sera serré : il pourrait manquer entre 10 et 20 députés pour faire chuter le gouvernement Lecornu 2.

Pour autant, c’est reculer pour mieux sauter, comme nous l’a dit de façon alambiquée Boris Vallaud.

Le Vallaud LV2

Au fil des années, on était devenu bilingue en Emmanuel Macron, comprenant qu’une phrase ne signifiait pas nécessairement ce qu’elle voulait dire et qu’il fallait chercher entre les mots. C’est un exercice comme un autre qui n’est pas enseigné à l’école et qui ne donne jamais lieu à l’édition de dictionnaire.

Boris Vallaud a décidé de nous faire apprendre une nouvelle langue. Alors que les journalistes attendaient quelque peu désœuvrés après les questions au gouvernement, en salle des quatre colonnes, voici que surgissent Dieynaba Diop — à ne pas confondre avec Nadège Abomangoli d’autant qu’elles ne se ressemblent pas du tout — et Boris Vallaud.

Afin de mettre à jour les pronostics pour jeudi, les journalistes lui demandent si le groupe socialiste censurera ou non le gouvernement Lecornu 2. Réponse « s’il n’y a pas suspension [de la réforme des retraites], il y a censure ».

Boris Vallaud et Dieynaba Diop
Boris Vallaud et Dieynaba Diop

Mais encore ? Car, le Premier ministre avait indiqué en questions au gouvernement que la suspension de la réforme des retraites serait introduite par voie d’amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, qui vient d’être déposé. Mais, cet amendement n’existe pas encore.

Il a fallu envoyer un petit moineau nous décrypter ce message et c’est encore plus tordu que ce qu’on pensait : il appartiendra à la majorité de voter pour l’amendement du gouvernement qui suspend la réforme des retraites. Si la majorité ne vote pas l’amendement, le groupe socialiste censurera.

En clair : il revient aux députés du groupe Ensemble pour la République (ou Renaissance ou Nouvelle République, on a perdu le fil) et du MoDem de voter pour la suspension de la réforme des retraites. Sinon, Lecornu sera censuré et l’Assemblée nationale dissoute.

C’est beau comme du Franck Underwood.

L’avenir très incertain du budget

Dans toutes les soirées, il y en a qui gâche l’ambiance. Dans le cas qui nous intéresse, c’est le Sénat. Car, même si l’Assemblée nationale arrive à s’accorder, non seulement sur le projet de loi de finances pour 2026, mais aussi sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, qui comporte quelques cadeaux empoisonnés, il n’est pas dit que le Sénat accepte de revenir sur la réforme des retraites.

Faut-il le rappeler ? Le Sénat est à droite. Merveille de la commission mixte paritaire (CMP) qui doit être paritaire avec le Sénat, la CMP est à droite. Voilà qui promet des soirées paisibles. Car, si les socialistes, qui ont négocié pour avoir la suspension de la réforme des retraites, échouent, ils risquent d’avoir du mal à s’en remettre électoralement.

La rentrée des classes des nouveaux députés

Si Michel Barnier avait déjà fait sa rentrée parlementaire, ce mercredi 15 octobre 2025, deux petits nouveaux prenaient leurs marques.

Le premier est Pierre-Henri Carbonnel, qui, tradition oblige, a eu l’honneur de poser sa première question au gouvernement. En effet, lorsqu’un député arrive en cours de législature, la coutume veut qu’on lui « offre » une question au gouvernement pour sa première séance.

Pierre-Henri Carbonnel
Pierre-Henri Carbonnel

L’autre député était Nathalie Coggia, qui en raison de contraintes d’agenda, n’a pas pu venir avant la fin de la séance ni faire sa rentrée administrative avant. Elle n’était pas seule dans les couloirs : Stéphane Vojetta l’a guidé dans les méandres de la maison et elle reprendra les dossiers « locaux » des Français d’Espagne, du Portugal, d’Andorre et de Monaco.

Nathalie Coggia et Stéphane Vojetta, sous l'oeil bienveillant de Montesquieu
Nathalie Coggia et Stéphane Vojetta, sous l’oeil bienveillant de Montesquieu

Marathon budgétaire : top départ

Si vous pensiez que l’agenda de l’Assemblée nationale se terminait au plus tard, demain midi, vous avez tout faux. Car, délai restreint, les députés de la commission des finances vont plancher, y compris samedi et dimanche.

Le délai pour faire voter le budget est contraint : 70 jours. C’est le maximum. Les députés peuvent aussi se montrer raisonnables et décider de le voter plus rapidement. Mais, en treize ans de maison, on n’a jamais connu de députés raisonnables en groupe.

C’est donc parti pour le marathon budgétaire, les chiffres, les taux, les virgules, pour une présentation en séance publique le vendredi 24 octobre 2025 à partir de 15 h.

On va enfin refaire de la politique à l’Assemblée nationale.