François Bayrou a prononcé son discours de politique générale, devant les députés ce mardi 14 janvier 2025. Copyright : AFP / Thomas Samson
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Discours de politique générale de François Bayrou : ce qu’il fallait retenir

Ce mardi 14 janvier 2025, François Bayrou prononçait enfin son discours de politique générale. Objectifs : présenter son Gouvernement et les grands axes de sa politique.

Elisabeth Borne prononçait au même moment, le même discours devant les sénateurs. Le discours de politique générale n’a pas donné lieu à un vote.

Nouvelle feuille de route sur les retraites

Après un long moment d’introduction, le Premier ministre est rentré dans le cœur du sujet. Premier thème : les retraites. En effet, les partis du Parlement en ont fait un casus belli. François Bayrou se donne trois mois pour remettre le sujet sur la table, avec la création d’une délégation permanente, avec des représentants des différentes organisations. À eux de trouver une feuille de route cohérente, afin d’aboutir à un projet de loi de financement de la Sécurité sociale. À défaut, c’est la réforme actuelle qui s’appliquera.

Audit sur les agences de l’État pour faire baisser la dépense publique

Sur le plan budgétaire, il a maintenu son objectif de 3 % de déficit public et pour cela, il a esquissé des économies, notamment sur le fonctionnement de l’État, manière de faire un clin d’œil à la droite et à l’extrême-droite, qui claironnent que les sources d’économies peuvent se trouver dans les agences de l’État.

Une banque de la démocratie et une restauration du lien avec les collectivités locales

Thème cher au Béarnais : la démocratie et surtout la banque de la démocratie, qu’il appelle de ses vœux, mais, sans réellement donner des indications tangibles. Même constat concernant les états généraux de l’information, qui devront trouver une traduction concrète, mais, sans qu’on sache ce qu’il y aura dans ce texte.

La résurrection du comité interministériel de contrôle de l’immigration

Fier de ne pas être « Parisien », il a poursuivi son propos en appelant à restaurer la confiance avec les collectivités locales ainsi que dans les entreprises. Passant du coq à l’âne, il a mentionné les Gilets jaunes et a basculé sur l’immigration « L’installation d’une famille étrangère dans un village pyrénéen ou cévenol, c’est un mouvement de générosité qui se déploie, des enfants fêtés et entourés à l’école, des parents qui reçoivent tous les signes de l’entraide. Mais que trente familles s’installent et le sentiment de rejet s’installe ».

Cette curieuse transition lui a permis de parler de Mayotte, oubliant que Mayotte n’est pas seulement confrontée à un problème d’immigration. Cela a donné lieu à un léger tumulte dans l’hémicycle, ce qui a amené le Premier ministre à s’éloigner de son discours écrit, avant d’y revenir. Il a annoncé la résurrection du comité interministériel de contrôle de l’immigration.

Abordant la question de la transition écologiste, il est resté quelque peu nébuleux et sur le plan de l’éducation, il s’est contenté d’indiquer un plan « la promotion de la lecture contre les écrans » et d’ajouter « la pause numérique doit être généralisée ».

Tout aussi vaporeuse était la partie consacrée à la culture, réduite à sa plus stricte définition : le patrimoine.

Revenant ensuite sur les outremers, il a axé son propos sur Mayotte et la Nouvelle-Calédonie avec un plan de développement et de financement dans le cadre d’un nouveau Comité interministériel des outremers.

Agriculture et industrie : une paire de jambes déséquilibrée

Il a indiqué un projet de loi d’orientation agricole, rappelant son soutien aux agriculteurs, ce qui a donné lieu à des soupirs de satisfaction sur la droite de l’hémicycle. Il a redit son opposition au MERCOSUR.

Mais, sur la question de l’industrie, il est resté assez vague, sans entrer réellement dans le détail, tout comme il l’a été sur les questions relatives au travail. Il s’est contenté de parler de revalorisation du travail, mais, sans donner de pistes concrètes, si ce n’est des éléments qui existent déjà.

Logement et transports : le vrai dossier problématique du quotidien

Il a donné les grandes lignes concernant le logement et les transports. Il appelle une politique de logement repensée et de grande ampleur et souhaite lever les contraintes sur les constructions : réduction des délais, allégement des demandes d’autorisation, favorisation de la densification, facilitation dans le changement d’usage, etc.

Il souhaite aussi relancer l’investissement locatif, de l’accession à la propriété par un système d’encouragement à l’investissement. Pour les étudiants, il souhaite la construction de 15 000 logements par an pendant trois ans, en mobilisant le foncier disponible de l’État. Notons que certaines mesures étaient dans le budget 2025, qui ont été sacrifiées par la motion de censure.

Enfin, sur ce dossier, il organisera une conférence avec les collectivités locales et les professionnels du transport pour désenclaver la France.

Santé : pas de solution rapide

François Bayrou confirme que le thème de 2025 sera la santé mentale, avec une amélioration des conditions de travail des soignants, les mesures de déremboursement de certains médicaments et des consultations ne seront pas reprises. Sur le handicap, il annonce l’organisation d’un comité interministériel du handicap et le remboursement intégral des fauteuils roulants pour 2025.

Des grands axes, mais pas de calendrier précis

C’est l’exercice qui veut ça : un discours de politique générale n’est pas un discours concret, avec calendrier et véhicules législatifs. Il faudra donc attendre encore quelques semaines pour voir comment tout cela va se concrétiser. Néanmoins, certaines mesures pourront se retrouver dans les budgets 2025, notamment le budget de la Sécurité sociale, actuellement en cours d’examen au Sénat.

Grand thème absent : le projet de la loi sur la fin de vie, que le Premier ministre a totalement oublié, alors même que ce matin, la Présidente de l’Assemblée nationale a redit sa volonté que ce texte soit inscrit à l’ordre du jour.