L’exclusion de Schrödinger des ministres Lecornu
Le bureau politique des Républicains avait acté que le parti ne soutiendrait pas le Gouvernement, sans pour autant le censurer et qu’aucun membre ne ferait partie du gouvernement Lecornu 2.
Seulement voilà : six ministres sont encartés chez LR. Enfin, l’étaient. Ou le sont encore, mais plus officiellement.
En fait, on ne sait plus trop, à commencer par les députés LR eux-mêmes.
Premier casus belli : le cas d’Annie Genevard. Car, si Bruno Retailleau a tiré presque sans sommation en excluant sa secrétaire générale, la décision ne fait pas du tout consensus. Premier point : elle est respectée au sein du parti. Deuxième point : elle fait figure de sage et de voix pondérée, dans un parti dominé par un excès de testostérone. Troisième point : elle recueille des avis favorables chez les agriculteurs.
On a lancé nos petits moineaux en salle des quatre colonnes et si face caméra, on assume la décision unilatérale de Bruno Retailleau, côté jardin, on commence à grincer des dents, même chez les soutiens de Bruno Retailleau.
Car, LR se revendique d’être un parti de gouvernement et quand on est un parti de gouvernement, on aspire à gouverner. Difficile de jeter la pierre aux six parlementaires qui ont décidé de rejoindre Lecornu, d’autant qu’ils sont autant politiques que techniques.
« Retailleau a fait une connerie, on verra ce que donnera le prochain bureau politique », nous glisse-t-on.
Deuxième casus belli : Rachida Dati. On le sait. L’actuelle ministre de la Culture est une République autonome. Mais, elle avait obtenu l’investiture des Républicains pour les élections municipales de mars 2026. La campagne a déjà commencé. Qui investir en face de ce bulldozer, qui se prépare pour la mairie de Paris, comme d’autres se préparent pour l’escalade de l’Everest ? D’autant que la campagne a déjà démarré. Et s’il existe une personne qui se fiche de l’étiquette politique, c’est bien Rachida Dati.
Mais, l’éléphant dans la pièce est surtout la dissolution. Pour le moment, elle s’éloigne même si « le budget ne passera pas en l’état. Le gouvernement tombera cet hiver, on retournera aux urnes, soit durant les vacances de Noël, soit après, avant les municipales et ça sera un carnage ».
Si LFI et le RN réclament de nouvelles élections, ce n’est pas le cas des autres groupes, dont les Républicains qui savent qu’ils vont y perdre. Une partie des députés ont été élus grâce au front républicain. Or, Retailleau, en mettant le feu à la maison, oublie ce détail et pour cause « il s’en fout de la dissolution, il est sénateur, ce n’est pas lui qui va perdre son siège ».
Or, si le gouvernement Lecornu 2 est censuré, la dissolution devient automatique. Les députés en sont bien conscients. Au point Jean-Didier Berger, député LR, peu connu pour ses envolées lyriques, s’est permis de recadrer François-Xavier Bellamy, qui disait que lui censurerait le gouvernement, se contredisant avec ce qu’il disait encore hier.
« Qu’il commence par gagner une élection sur son nom » grince-t-on en salle des pas perdus. Faut-il le rappeler ? François-Xavier Bellamy est député européen et a été réélu l’année dernière. On ne peut pas dissoudre le Parlement européen.
En attendant, sauf une ou deux exceptions, qui ne sont pas encore confirmées à l’heure où ces lignes sont écrites, les députés de Laurent Wauquiez ne censureront pas le gouvernement Lecornu 2 ce jeudi 16 octobre 2025.
