Georgescu ne pourra pas être candidat à l’élection présidentielle et viole son contrôle judiciaire
Nouveau coup de tonnerre en Roumanie, suite au refus du BEC (Bureau Central des Élections) de valider la candidature de Călin Georgescu.
Ce dernier avait déposé son dossier de candidature cette semaine au BEC. Il avait déjà tenté de la déposer la semaine précédente, mais il avait été interpellé par la police, suite à son refus de se présenter devant les magistrats.
Il est actuellement poursuivi et sous le coup de six chefs d’accusation. Il a été laissé libre sous contrôle judiciaire. Légalement, la mise en examen de Georgescu ne peut pas l’empêcher d’être candidat d’après des constitutionnalistes roumains. Il n’a pas été privé de ses droits civiques.
La motivation n’est pas encore disponible. Néanmoins, le BEC aurait reçu plus de 1200 recours contre sa candidature, grâce à des opposants, qui ont fait circuler une lettre type sur les réseaux sociaux, à envoyer au BEC.
L’une des lettres types mentionne cet argument « Ces aspects reflètent clairement l’incompatibilité du candidat avec les valeurs fondamentales protégées par la Constitution roumaine et contreviennent aux principes démocratiques, à l’État de droit et à l’ordre constitutionnel ». Mais, selon des sources internes au BEC, ces éléments n’auraient pas été de nature à motiver la décision de rejet.
Il y a dix votes contre la candidature de Georgescu et quatre voix pour.
Suite à cette annonce, une centaine de manifestants ont tenté d’envahir le BEC, obligeant les gendarmes à intervenir et à installer des grilles de sécurité. Une manifestation avait déjà eu lieu hier, samedi 8 mars 2025 devant le Parlement roumain.
Le président du parti AUR, George Simion, sur sa page Facebook a parlé de continuité de coup d’État « Le rejet du dossier de candidature de Călin Georgescu est un nouvel abus et une continuation du coup d’État du 6 décembre. » Du côté du POT, autre parti d’extrême-droite, les propos sont à peine plus mesurés, parlant de dictature.
La présidente de SOS Roumanie, Diana Șoșoacă, a aussi réagi de manière assez virulente, parlant de la désintégration territoriale.
Comme le BEC n’a pas communiqué sur les raisons du refus de l’enregistrement de la candidature de Georgescu, on ne sait pas encore si le dossier présentait un défaut de forme — documents manquants, absence de signatures — ou s’il y a une raison de fond. Ce n’est pas la première fois que le BEC rejette une candidature d’un candidat d’extrême-droite, notamment pour incompatibilité avec les valeurs de la Constitution.
Cette décision intervient alors qu’Elon Musk poursuit son offensive contre l’état de droit roumain. Ce dernier a commenté sur son réseau social la décision du BEC en disant « It’s crazy ! ».

Georgescu peut faire appel de la décision de rejet du BEC devant la Cour constitutionnelle. L’horloge tourne : les candidats peuvent déposer leur candidature jusqu’au 15 mars 2025 à minuit. Le BEC a jusqu’au 17 mars 2025 pour enregistrer ou rejeter la candidature.
Existe-t-il un candidat de rechange pour l’extrême-droite prorusse ? Cela n’est pas certain, mais la liste définitive des candidats n’est pas encore connue.
Quant à Georgescu, il vient officiellement de violer son contrôle judiciaire en publiant sur X (anciennement Twitter) le message suivant : « Un coup direct porté au cœur de la démocratie dans le monde entier ! J’ai un message à transmettre ! Si la démocratie en Roumanie tombe, c’est le monde démocratique tout entier qui tombera ! Ce n’est que le début. C’est aussi simple que ça ! L’Europe est désormais une dictature, la Roumanie est sous la tyrannie ! »

En effet, son contrôle judiciaire lui interdit d’utiliser les réseaux sociaux ou d’apparaître dans les médias. Reste à savoir les autorités polices viendront lui notifier cette violation.
Mise à jour du 9 mars 2025 à 22 h 10
Le BEC a mis en ligne la motivation de sa décision, refusant l’inscription de Georgescu comme candidat à l’élection présidentielle.
Il indique qu’il doit vérifier tant les conditions de fond d’une candidature que les conditions de forme et que les conditions de fond sont supérieures au simple formalisme. Il précise également que la jurisprudence de la Cour constitutionnelle s’impose au même titre que la Constitution.
Le BEC doit analyser une candidature dans son ensemble et conclut que la candidature de Georgescu ne remplit pas les conditions de légalité intrinsèques, à savoir qu’il n’a pas respecté les règles électorales lors de la présidentielle de décembre 2024.
C’est donc bien un problème de fond, à savoir que le candidat ne respecte pas la Constitution, qui a empêché l’enregistrement de sa candidature.
Le BEC précise qu’il n’a pas examiné les conditions de forme, mais plusieurs confrères locaux ont fait état de signatures ou de documents manquants dans son dossier de candidature.
Le candidat a un délai de 24 h pour faire appel de la décision devant la Cour constitutionnelle.