Les médias d'Azerbaïdjan sont très enthousiastes de l'entrée au Gouvernement de Rachida Dati
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La Culture contre le Quai d’Orsay : l’autre dossier sensible du remaniement

Si le remaniement de ces derniers jours a donné lieu à des kilomètres de commentaires sur Amélie Oudéa-Castéra, il y a un autre aspect du remaniement de ce mois de janvier 2024 qui devrait attirer l’attention : la nomination de Rachida Dati en tant que ministre de la Culture.

Personne ne s’attendait sérieusement à la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture, encore moins en raison de sa mise en examen pour corruption passive. Pour le moment, l’affaire n’est pas tranchée et pour reprendre la formule du Gouvernement, la présomption d’innocence prime. Sur ce point, les éléments de langage ont été distribués. 

Qu’en sera-t-il du dossier sur l’Azerbaïdjan ? Comme le souligne la presse de ce pays, la nomination de Rachida Dati en tant que ministre de la Culture est une bonne nouvelle pour eux. Les commentaires la concernant sont très élogieux « Le poste le plus important de ministre de la Culture dans le nouveau gouvernement a été confié à une femme extraordinaire, Rachida Dati » […] « En particulier, elle ne partage pas l’azérophobie qui s’est emparée de l’espace médiatique et politique de la France moderne ».

Et pour cause : Rachida Dati est considérée comme un soutien au régime de Bakou, qui n’est pas exactement une démocratie. Rachida Dati s’est rendue à plusieurs reprises en Azerbaïdjan, notamment lorsqu’elle était député européen et n’a pas hésité à faire preuve d’enthousiasme à chacune de ses visites

Au-delà de la nature du régime de Bakou, l’Azerbaïdjan n’est pas précisément un allié de la France. Viginum, l’entité en charge de la lutte contre les ingérences étrangères, a repéré une campagne de désinformation liée à l’Azerbaïdjan, ciblant les Jeux olympiques. 

Par ailleurs, depuis que la Fédération de Russie a décidé d’envahir de nouveau l’Ukraine, l’Azerbaïdjan en a profité pour reprendre les hostilités dans le Haut-Karabakh. Or, l’ancienne ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait décidé que 2024 serait l’année pour célébrer l’Arménie en France.

Plusieurs célébrations et manifestations sont prévues, dont l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian. Entre-temps, changement de casting : Rachida Dati va-t-elle renier ses anciennes amitiés ? 

Si les députés n’ont pas posé la question à la nouvelle ministre de la Culture lors de la séance de Questions Au Gouvernement (QAG) de ce mardi 16 janvier 2024, ils pourront se rattraper demain ou laisser l’occasion aux sénateurs. 

Comme l’indique l’ordre du jour du Sénat, ils devront se pencher sur la proposition de résolution visant à condamner l’offensive militaire de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh et à prévenir toute autre tentative d’agression et de violation de l’intégrité territoriale de la République d’Arménie, appelant à des sanctions envers l’Azerbaïdjan et demandant la garantie du droit au retour des populations arméniennes au Haut-Karabakh. Cette proposition est présentée par tous les groupes du Sénat. 

Lorsqu’il était député européen, Stéphane Séjourné s’était inquiété et s’il avait assuré que le sujet était prioritaire pour le Quai d’Orsay, il notait également que les intérêts économiques pesaient très lourd dans la balance. En effet, l’Azerbaïdjan fournit du gaz, notamment à la France. Devenu ministre des Affaires étrangères, comment va-t-il pouvoir gérer ce dossier ? Il ne s’opposera pas à la résolution des sénateurs, celle-ci n’étant pas contraignante pour le Gouvernement. Mais, la coexistence entre un ministre des Affaires étrangères, partisan de la cause arménienne, et d’une ministre de la Culture, ami de l’Azerbaïdjan, pose la question de la crédibilité du Gouvernement dans le domaine des relations internationales.