Sabrina Agresti-Roubache n'a décidément pas brillé pendant l'examen du projet de loi sur les dérives sectaires.
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La longue agonie de Sabrina Agresti-Roubache

Quelle différence d’ambiance entre la visite surprise avec le président de la République à Marseille où elle pouvait rouler des mécaniques et la séance de l’après-midi à l’Assemblée nationale de ce mercredi 20 mars 2024. 

Après la séance de questions au Gouvernement, les députés se sont retrouvés pour examiner en nouvelle lecture le fameux projet de loi visant à renforcer la lutte contre les dérives sectaires. La première lecture avait été catastrophique. Difficile pour les députés d’être studieux et concentrés, tant la ministre donne l’impression d’être perdue. Pourtant, le sujet n’est pas anecdotique : le texte prévoit des peines pour les personnes qui en inciteraient d’autres, à arrêter un traitement médical, d’abuser des individus, etc. 

Alors que l’on « fête » le quatrième anniversaire du confinement dû à l’épidémie de COVID, on aurait pu penser que la ministre serait investie sur ce sujet. Les conséquences sociales et sociétales du virus sont toujours d’actualité. L’opportunité aurait guidé de faire de la belle politique politicienne, de grandes déclarations, de briller, d’occuper l’espace. 

Plusieurs occasions se sont présentées durant la séance. Ainsi, Xavier Breton (LR) a eu un propos laissant sous-entendre qu’il y avait de « bonnes » thérapies de conversion. La fenêtre de tir était belle : Sabrina Agresti-Roubache l’a laissé passer. C’est Olivier Véran (Renaissance) qui est monté au créneau « il n’y a pas de thérapies de conversion qui soient acceptables, ni dans le principe ni dans la pratique ». 

Durant l’article 3, en défense de son amendement, Xavier Breton (LR) a assimilé les associations de soutien aux personnes transgenres à des dérives sectaires : « Le risque que l’on a aujourd’hui, c’est que ce phénomène de dérives sectaires, ce soit en fait le milieu trans qui l’organise. […] Ces associations sont dans une logique de dérives sectaires. […]

Il va y avoir un monopole des pro-trans ». En réponse, la rapporteure Brigitte Liso (Renaissance) n’a pas été très offensive. Mais, elle ne pouvait pas faire pire que la ministre, qui s’est contentée d’un lapidaire « défavorable ». Xavier Breton (LR) est reparti aussi sec à la charge avec des propos ouvertement transphobes*. Il a fallu attendre qu’Andy Kerbrat (LFI) prenne le micro pour dire que les propos étaient transphobes.  

Brigitte Liso (Renaissance), rapporteure du texte, commençait à trouver ses marques et a porté l’estocade à Nicolas Dupont-Aignan (Non-inscrit). Mais, la ministre ? Transparente. D’ailleurs, les députés de la majorité présidentielle ont semblé à peine la remarquer. Certains discutaient entre eux. D’autres rattrapaient leurs parapheurs en retard ou leurs correspondances, n’oubliant pas de voter quand cela s’avérait nécessaire. Au rayon des bourdes, alors que la rapporteure venait d’exprimer un avis favorable, Sabrina Agresti-Roubache répond qu’elle est du même avis que la rapporteure et que ce sera un avis de sagesse. Heureusement, Caroline Fiat (LFI) qui présidait la séance lui a demandé une précision, permettant ainsi d’éclaircir les choses. 

« On ne la supporte plus ! Qu’elle soit arrogante, passe encore, mais elle est incompétente. Ça fait beaucoup ! » nous glisse entre deux portes une personnalité parlementaire de la majorité. Car oui : même si Sabrina-Agresti n’a pas eu droit à un conciliabule crispé avec les membres de la majorité présidentielle, plus personne n’arrive à la voir en peinture. 

Une scène illustre parfaitement cette situation. Pendant l’examen de l’article 4, la majorité a oublié d’applaudir la ministre. Arthur Delaporte (PS), qui prenait la parole juste après, sur le même article, a été plus applaudi par la majorité. On a même pu voir Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance, hocher la tête en signe d’approbation pendant que le député du Calvados expliquait sa position. 

Le coup de grâce est venu d’Olivier Véran (Renaissance) : reprenant la parole sur l’article 4 cette fois-ci, il a été plus applaudi que la ministre. 

Le texte sur les dérives sectaires a été adopté et si peu de monde se souviendra du texte, tout le monde gardera en mémoire la désastreuse performance de Sabrina Agresti-Roubache. Les silences de la ministre chargée de la citoyenneté font tache quand c’est l’unique réponse face à des propos ouvertement transphobes. 

Reste à savoir si son amitié avec Brigitte Macron sera suffisamment solide pour lui éviter un catapultage au prochain remaniement de cet été.  


* La parole est totalement libre dans l’hémicycle : les propos de Xavier Breton, ayant été tenus dans l’hémicycle, ne peuvent pas faire l’objet de poursuites civiles ou pénales. La transphobie est un délit.