François Hollande est revenu dans la politique active, la météo est là pour le prouver.
Actualités

Le jour d’après : comment parvenir à un accord ?

Si hier, les députés faisaient leur rentrée administrative assez tranquillement, ce mardi 9 juillet 2024, elle était déjà plus politique. Une sorte de mise en jambe pour les futures séances de Questions Au Gouvernement. Initialement, le programme était le suivant : 9 h, arrivée des députés écologistes — au sens élargi du terme — puis photos individuelles. À 15 h, on attendait les députés socialistes avec l’arrivée de François Hollande, suivis de près par les Insoumis aux alentours de 15 h 30.  

Le pool photographes s’installe tranquillement. 9 h du matin, ce n’est pas exactement 9 h pile. En fait, ce fût plutôt 10 h et c’est la faute à Rousseau. Alors que tous les députés verts étaient quasiment prêts et s’installaient tranquillement sur les marches, on attendait les derniers retardataires ou plutôt la dernière retardataire : Sandrine Rousseau. Qu’importe : ils ont le sourire et affichent le sérieux des premiers de la classe. Ce qu’ils sont objectivement : les parlementaires écologistes sont les plus sérieux dans les enceintes parlementaires.

Dans les nouvelles figures, on compte Steevy Gustave, élu dans la troisième circonscription de l’Essonne. Ne vous fiez ni à son look ni à son sourire : il est là pour travailler sérieusement et entend bien faire entendre la voix de la culture. C’est d’ailleurs la commission des affaires culturelles qu’il aimerait rejoindre. Gare à ceux qui s’imaginent qu’ils vont pouvoir lui marcher sur les pieds, il ne se laissera pas faire et il est tout ce que les réactionnaires détestent. Fils de militaire, dont le père a donné sa vie pour la Nation, il fait son trou dans l’industrie culturelle et en politique, pour faire son entrée en tant que député sous cette législature. 

Il sera guidé dans ses premiers pas par des plus anciens, dont Pouria Amirshahi, que ceux qui ont connu la XIVe législature connaissent déjà. Après avoir fait une pause, il revient sur le devant de la scène, plus serein, avec une envie de bâtir un front républicain constructif. 

Cette rentrée des députés écologistes est à leur image : studieuse, ordonnée et sereine. 

Entre l’arrivée des députés écologistes et celle du reste de la gauche, il y avait une grande inconnue : à quelle heure les députés de droite feraient leur photo « de classe » et avec qui ? Si Olivier Marleix s’est livré à une partie de cache-cache hier, aujourd’hui, c’est Laurent Wauquiez qui esquivait bizarrement tout le monde.

Il faut dire qu’à droite, on ne sait plus trop à qui se vouer. La droite canal historique ? La droite compatible avec les extrêmes ? La droite qui louche sur le centre ? Les députés nous rejouent 50 nuances de bleus, dans les salles privées du Palais Bourbon. De quoi donner le tournis à Yves Klein. Et même si Laurent Wauquiez évite journalistes et photographes, quelques clichés pris sur le vif montrent un visage semblable à celui d’un chat devant un bol de crème. 

Parmi les rares députés à répondre en toute franchise aux journalistes : Julien Dive. Issu de « l’écurie Xavier Bertrand », il revient de loin et aimerait bien avoir une discussion sérieuse avec son futur-ex-président de parti. Quant au travail parlementaire, il souhaite un changement : fini les affaires économiques, la commission des affaires sociales lui plairait davantage. La thématique lui va bien, lui qui est élu dans une circonscription où le social devient une urgence. 

Délaissant la cour d’honneur, Éric Ciotti a réuni ses troupes dans le jardin, demandant vraisemblablement à un collaborateur de prendre une photo de groupe. Pour fêter leur victoire ou marquer leur appartenance idéologique ? L’histoire nous le dira. Le pool photographe découvre le cliché dans l’après-midi. On s’interroge : quelqu’un savait ? Non.  

Déjà se dessine un casse-tête : combien de groupes dans cette nouvelle législature ? Personne ne peut le dire. La France Insoumise aura son groupe, comme les écologistes, les socialistes et les communistes. Il y aura un groupe Renaissance peut-être même deux. Une partie d’entre eux entend représenter une aile gauche. La droite est en miettes. Seul le Rassemblement National constitue un bloc monolithique, dont aucune tête ne doit dépasser. 

Chez Renaissance, l’ambiance n’est pas nécessairement au beau fixe. Qui de Sylvain Maillard ou de Gabriel Attal pour présider le groupe ? Techniquement, il y a un hiatus. Gabriel Attal a certes été réélu député, mais il est toujours Premier ministre. Si d’ici au 18 juillet, il est toujours Premier ministre, il ne peut pas se présenter à la présidence du groupe. Sylvain Maillard, ancien président du groupe Renaissance, qui entend bien le rester, en dépit de l’embuscade Gabriel Attal, presse les nouveaux et anciens de signer l’adhésion

Harold Huwart a déjà décliné : il reste indépendant, vraisemblablement chez LIOT. En effet, bien que Bertrand Pancher n’ait pas été réélu, ce n’est que partie remise et il entend bien construire un groupe alternatif, indépendant, respectueux des sensibilités locales. LIOT n’est pas mort et l’ombre bienveillante de Pancher plane sur le Palais Bourbon. 

La matinée s’étire en longueur. Retour dans le pool à 14 h 45 pour s’installer pour la photo que tout le monde attend : celle du groupe socialiste. Devant l’entrée de l’Assemblée nationale, les Insoumis posent, en attendant de faire leur photo sur les marches. Le collectif « Nous vivrons » vient se rappeler à leur bon souvenir, couvrant les discussions dans la cour d’honneur et le bruit des travaux. 

Les journalistes affluent en masse, au point de déborder sur les côtés. On s’embrasse, on se salue. Et comme un fait exprès, une facétie météorologique, à peine les premiers clichés pris, les gouttes commencent à tomber. Le ciel gronde, le déluge s’abat. François Hollande est revenu dans la politique active, la météo est là pour le prouver. 

L’orage retarde considérablement la photo des Insoumis, qui décident de la reporter sine die. Officiellement, certains députés seraient manquants sur la photo. Et officieusement ? Rien ne filtre, mais les tractations se jouent dans l’ombre entre les cadres des différentes familles de la gauche. Le nom d’Olivier Faure circule pour Matignon. 

À droite aussi, ça discute sec. On a beau essayer d’attraper les députés, comme si on jouait à Pokémon Go, ne serait-ce que pour des photos, ils filent à toute vitesse. On ne dira jamais assez que le meilleur atout pour les journalistes et photographes parlementaires, c’est une bonne paire de jambes. 

On rêverait d’être l’une des petites souris qui habitent le palais, pour se faufiler dans l’une des salles réservées. Certains rêvent d’un gouvernement qui pencherait à droite, d’autres écartent fermement cette hypothèse. Les Républicains ont déjà eu des difficultés à faire figure d’opposants à la majorité présidentielle, entrer au Gouvernement, c’est signer le partenariat de façon officielle sans certitudes pour la suite. 

Si tout le monde regarde le Gouvernement, c’est un autre enjeu qui se déroule : les groupes, leurs poids, leurs places. Qui sera dans l’opposition et pourra prétendre à la présidence de la commission des finances ? Qui aura assez de points pour obtenir une place de questeur ou de vice-président ? Qui pèsera suffisamment pour porter un dossier, par exemple, celui de la fin de la vie ?

Dès le 7 juillet 2024, François Hollande en avait parlé. Il n’est pas le seul : Agnès Firmin-Bodo et Olivier Falorni entendent bien reprendre ce texte. Tous les deux ont été abondamment sollicités en circonscription sur ce texte, qui aurait dû être adopté en première lecture si le président de la République n’avait pas dissous l’Assemblée nationale. Ce texte reviendra. Quand ? Comment ? Par qui ? Personne ne peut le dire, mais ce n’est pas terminé.  

Demain, c’est le Rassemblement National qui fera sa rentrée.