Le top et le flop de la semaine — édition du 11 octobre 2024
Naïvement, on peut se représenter les parlementaires comme des gens instruits, sages et ayant du recul sur les choses. Rassurez-vous : ce n’est pas le cas.
Valérie Boyer : 17 ans de Parlement pour rien
On était passé à côté la semaine dernière. Le 4 octobre 2024, Valérie Boyer a voulu faire son intéressante avec un tweet, qui a depuis été largement commenté et noté par la communauté. « Prisca Thevenot (ex-ministre députée Macroniste) et Emmanuel Grégoire (1ᵉʳ adjoint d’Anne Hidalgo, député NFP) font leur entrée au conseil des groupes audiovisuels publics Une réaction de @Arcom_fr ? »(sic !).
Profitons-en pour faire un peu de pédagogie. Il existe des organismes dits extra-parlementaires. Ce sont des organes publics, pour lesquels, il est prévu par la loi, que des parlementaires – députés ou sénateurs – y siègent. C’est tout sauf une nouveauté et la répartition se fait au sein des commissions permanentes qui décident en fonction du poids de chaque groupe parlementaire.
Ce qu’il est important de souligner est que les parlementaires n’y ont que peu de pouvoirs. Pour dire les choses de façon brutale, ils font plus de la figuration qu’autre chose. Ils n’ont pas de pouvoir de décision.
Valérie Boyer le sait parfaitement puisqu’elle est actuellement membre de trois organismes extraparlementaires. À quand un examen pour devenir et surtout rester parlementaire ?
Mathilde Androuët : recrutement chez les complotistes
On en aurait presque oublié les députés européens. Disposant d’une enveloppe décente pour recruter une équipe, ils peuvent embaucher des assistants parlementaires et des prestataires. Mathilde Androuët a ainsi embauché Thibault Kerlirzin.
Cette personne est présentée comme consultant en stratégie d’intelligence économique et l’un de ses grands combats est la Davocratie. Tout un programme et on a demandé à l’eurodéputé quel type de prestation, il effectuait pour elle et si elle partageait ses positions complotistes.
Elle n’a pas daigné nous répondre. D’ailleurs, on réfléchit à faire un classement des députés, non pas les plus actifs, mais les plus polis. Avoir cinq assistants parlementaires et aucun qui ne soit en capacité de répondre à un email, en dit plus sur le parlementaire que tous les bilans du monde.
Sandrine Rousseau : vive la décroissance
Un article du Monde, paru mercredi 9 octobre 2024, faisait un état des lieux de la consommation. Sans surprise, elle est en baisse et l’article de détailler les postes de dépenses les plus sacrifiés par les ménages, notamment l’alimentation.
Là-dessus, Sandrine Rousseau a tweeté « La meilleure information de la journée » et non, ce n’est ni de l’ironie ni du second degré.
Si on reconnaît que Sandrine Rousseau subit plus de harcèlement numérique que les autres élus, on lui préconise aussi de réfléchir avant de tweeter.
LFI : la leçon a été retenue
Contrairement à la semaine dernière, il n’y a pas que des flops cette semaine. Dans les «tops », on retient le groupe parlementaire de La France Insoumise. Averti fin septembre de faits pouvant être qualifiés pénalement de violences sexuelles, qui auraient été commises par Hugo Prevost, le groupe a enquêté en interne.
Mercredi, il s’est réuni et a décidé de l’exclusion du député de son groupe.
On se souvient que l’affaire Quatennens avait laissé des traces. Accusé de violences envers sa compagne, il avait plaidé coupable et avait été exclu quelques mois de son groupe. Cela avait entraîné des querelles internes et des incompréhensions.
« Cette fois, on a réagi avant que ça ne fuite trop dans la presse et c’est tant mieux » nous glisse un député. Effectivement : vérifications faites, ce n’est que lorsque le communiqué de presse de La France Insoumise a été mis en ligne que les faits ont été mis sur la place publique.
Le lendemain, Hugo Prevost annonçait sa démission de son mandat de député.
Aurélie Trouvé : la gagnante des billards à douze bandes
On en avait parlé : les nominations au sein du Gouvernement Barnier 1 ont laissé des postes vacants, dont des présidences de commissions permanentes. Après discussions avec des députés, il était question que la couleur politique de chaque présidence de commissions reste la même.
Sauf qu’entre temps, Laurent Wauquiez a déclaré que son groupe parlementaire était dans la majorité, que Gabriel Attal a décidé de bouder Michel Barnier, que Gérald Darmanin joue sa partition et que ces bisbilles de cour d’école ont donné lieu à l’élection d’Aurélie Trouvé (LFI) à la tête de la commission des affaires économiques, au détriment de Stéphane Travert (EPR).
Si elle a trouvé la timbale, les députés EPR n’ont pas fini de l’avoir en travers de la gorge. Car, si Aurélie Trouvé a gagné la présidence, c’est parce que les députés du groupe de Laurent Wauquiez se sont abstenus lors du scrutin.
Et ce n’est pas fini : il reste un poste à pourvoir et non des moindres : la vice-présidence de l’Assemblée nationale, laissée vacante par Annie Genevard. Virginie Duby-Muller serait la candidate pour la droite républicaine. Mais, les députés EPR ne vont-ils pas être tentés de se venger après le tour de cochon que leur a joué Wauquiez ?
C’était la dernière semaine « calme » à l’Assemblée nationale. Le projet de loi de finances pour 2025 et de financement de la Sécurité sociale 2025 ont été mis au dépôt de la chambre basse. Les discussions promettent d’être orageuses et explosives.