Il est urgent de partir en week-end - Copyright : AFP / Julien de Rosa (Philippe Juvin-Éric Ciotti)
Radio-Buvette

Le top et le flop de la semaine — édition du 31 octobre 2024

Jour férié oblige, notre florilège de la semaine tombe exceptionnellement un jeudi. En ce jour béni d’Halloween, les députés ont décidé de nous horrifier. 

Philippe Juvin : le député-médecin qui donne une interview à un média complotiste 

Quand on a vu le tweet, on s’est frotté les yeux, on a vérifié trois fois qu’on était bien sur le « bon » journal, etc. Philippe Juvin, député de la droite républicaine et surtout médecin, a donné une interview au média The Epoch Times

Si vous ne connaissez pas ce média, félicitations, vous ne lisez pas de média complotiste. En page d’accueil, on découvre une vidéo de Sophie Audugé, de l’association SOS Éducation, qui explique que les enfants sont confrontés à la pornographie par le personnel enseignant. 

The Epoch Times, c’est aussi ce journal qui a relayé des aberrations au moment de l’épidémie de COVID-19, au point que même Facebook avait dû identifier le site comme véhiculant de fausses informations, dirigé par un mouvement sectaire. 

Nous avons contacté Philippe Juvin pour savoir pourquoi il avait accordé un entretien à un journal complotiste et antivax. Son équipe nous formule la réponse suivante : « M. Juvin a toujours discuté avec tout le monde, y compris avec des adversaires politiques et des personnes aux opinions différentes des siennes. Sans partager bien évidemment le point de vue de ce média (ce que corroborent ses dernières interventions à l’Assemblée), il a souhaité partager sa vision du rétablissement nécessaire des comptes publics au plus grand nombre, même à des personnes et des médias aux lignes éditoriales parfois éloignées des siennes. » 

On aura donc noté que partager sa vision était plus important que de se soucier de la réputation d’un média. Pour mémoire, parmi les députés qui avaient donné du crédit ce média, on compte Martine Wonner.  

Éric Ciotti : le Millei version Wish

On présente par avance nos excuses à nos confrères de Libération dont on vient quand même de plagier le titre d’un excellent article. Non content de nier devant France 5 la réalité juridique, ce dernier nous a gratifiés d’une perle qu’on n’avait pas vue venir. 

Répondant à un tweet d’Olivier Babeau disant « Il est évident que la seule chose qui nous sauvera, c’est un Milei français. », Éric Ciotti indique « Oui ! L’UDR ».[NDLR : UDR : Union des Droite]. 

On ne rentrera pas dans le détail de la politique de Javier Milei, actuel président de l’Argentine. Mais, à la différence d’Éric Ciotti, le chef de l’État argentin n’a pas vécu toute sa vie d’argent public et avait un peu plus que 16 députés derrière lui pour le soutenir. 

UDR et LR en chiens de faïence 

Ce sont nos confrères du Figaro qui relaie l’information : Éric Ciotti a trouvé un siège pour son parti. En face du siège des Républicains. 

On l’avoue : sur une échelle du troll graduée de un à dix, Éric Ciotti vient d’atteindre 73. À quand un duel sur la place du Palais Bourbon ?

Éric Martineau : un changement d’heure difficile 

Les députés ont entamé l’examen du PLFSS pour 2025, lundi à 16 h. Jérôme Guedj avait défendu une motion de rejet préalable du texte. Puis, après avoir demandé des explications au ministre, il a retiré sa motion de rejet. Joli tour de passe-passe pour obtenir quinze minutes de temps de parole supplémentaire. On salue l’astuce.

Mais, cela n’a pas vraiment plu à Éric Martineau (MoDem), qui tweete : « 15 minutes de tribune avec Jérôme Guedj pour une vraie fausse motion de rejet ! Une honte et mépris des parlementaires qui se lèvent tôt pour assister à la séance. Les socialistes méritent mieux. Affligeant ». 

Le matin à 16 h, même chez Arcadie, qui est une rédaction très nocturne, on ne l’aurait pas tenté. On a interpellé le député pour lui dire que 16 h n’était pas exactement un horaire matinal. Il nous a répondu : « Oui 5 h 30 ce matin pour venir à Paris et être présent à 16 h. Ça va les Parisiens ? » 

On a regardé sur Google Maps, le trajet à faire entre Montval-sur-Loir et l’Assemblée nationale : 2 h 35 en transports en commun ou 2 h 30 en voiture (en fonction de la circulation). La seule explication qu’on a pu trouver est qu’Éric Martineau fait le trajet à vélo, qui prend effectivement douze heures. 

Karl Olive : le cumul à tout prix

On le sait : Karl Olive était maire de Poissy. S’il ne parle pas de Poissy dans chacune de ses interventions, il a un gage. La semaine dernière, lors de l’examen du PLF, certains esprits taquins ont remarqué que les bancs du socle commun (EPR-DR) étaient dépeuplés. Ces absences en séance publique ont permis de faire voter certains amendements, pour le plus grand régal du NFP et du RN. 

Interrogé par BFM TV, Karl Olive assume de ne pas faire le concours Lépine du plus présent. Il est vrai qu’il n’est pas toujours utile d’être constamment présent en séance publique, mais quand c’est le socle commun, qui doit en théorie soutenir le Gouvernement, qui déserte, ça fait désordre. 

Taquin, Maxime Switek pose la question : ce n’est pas un peu gonflé d’exiger des efforts de la part des fonctionnaires, alors que lui-même assume d’être absent durant les débats sur le budget. Rebondissant sur la réponse de Karl Olive à base de concours Lépine, le journaliste insiste et demande si cela ne fait pas partie de son boulot d’être présent à l’Assemblée nationale.

Et là, Karl Olive a sorti son argument phare : il faut être présent en circonscription, car si on n’est pas présent, on perd son mandat et qu’il faudrait remettre en place le cumul député-maire. On a compris : pour lutter contre l’absentéisme des députés du socle commun, il faut leur donner encore plus de boulot.  

Jordan Bardella et l’écologie punitive

Au cas où vous l’auriez raté, nous sommes en plein débat budgétaire. Les textes prévoient des taxes supplémentaires, notamment sur les billets d’avion. L’objectif est d’inciter les Français à avoir moins recours à l’aviation et plus aux transports propres. Notons que la taxe en question est ajustée en fonction du trajet et ne concerne pas — à ce stade — les territoires ultra-marins. 

Cela n’empêche pas Jordan Bardella de parler d’écologie punitive. C’est déjà ridicule en temps normal, cela devient insultant pour les Espagnols qui sont en train de connaître une catastrophe naturelle monstrueuse, en raison du changement climatique. La ville de Valence est la plus touchée et au moment où ces lignes sont écrites, on déplore au moins 95 morts. La station balnéaire de Porto Cristo (Manacor – Majorque) a également subi de gros dégâts. 

Voici ce que fait le changement climatique :

Copyright : AFP / Jose Jordan
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