Les comptes parlementaires ne sont pas bons - édition du 04 octobre 2024
Radio-Buvette

Le top et le flop de la semaine — édition du 4 octobre 2024

On n’y croyait plus, mais, enfin, les députés sont retournés à l’Assemblée nationale et ont même un Gouvernement. Avec seulement deux après-midis de séance, on aurait pu penser qu’on n’aurait rien à raconter. Perdu ! 

Maxime Amblard : erreur sur la marchandise

Des élections législatives ne sont pas un concours de beauté et personne ne demande aux députés d’être physiquement attrayant. Pour autant et on peut le comprendre, on a envie d’avoir de belles photos de soi quand on représente la Nation. Mais, certains ont décidé de pousser leur vanité un peu trop loin. 

Tel est le cas de Maxime Amblard qui nous a partagé une nouvelle photo de profil. La photo d’origine a manifestement été prise cet été, au moment de la rentrée parlementaire. On y voit dans le fond les banderoles des Jeux olympiques, mais, pas les statues dorées qui trônent actuellement en cour d’honneur. 

En observant de plus près et en comparant avec nos propres clichés, on constate des différences. La fonction lissage a aussi été bien rentabilisée sur le visage, qui a atténué quelques rides d’expression, mais aussi un grain de peau irrégulier. Enfin, il y a un souci par rapport à la statue des Droits de l’Homme. Il est probable qu’un logiciel de retouche par intelligence artificielle ait été utilisé. Il est vrai que le décret du 4 mai 2017, imposant la mention « photo retouchée » ne concerne que les photographies à usage commercial. On espère que Maxime Amblard n’envisage pas une reconversion dans le mannequinat : Photoshop et les IA n’existent pas pour les go & see. 

Emmanuel Taché de la Pagerie : le mauvais coucheur

On l’avoue : on connaît mieux Emmanuel Taché de la Pagerie pour ses démêlés judiciaires suite à l’usurpation de son nom à particule que pour son travail parlementaire. Cette semaine avait lieu les élections internes dans les autres commissions et délégations de l’Assemblée nationale. 

Notre élu de la seizième circonscription des Bouches-du-Rhône visait une fonction et pas n’importe laquelle : la présidence de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Passons sur le fait que cette assemblée a vu sa parité chuter suite à la dissolution et qu’on s’attend quand même à ce que cette délégation soit présidée par une femme. 

Perdu : la présidence est revenue à Véronique Riotton. Il se présente pour être vice-président de la délégation. Nouvel échec. Furieux, il quitte la salle en lançant « bonne partouze ». Élise Leboucher, qui rapporte l’incident sur X (anciennement Twitter) indique que le bureau sera saisi. Quant à Emmanuel Taché de la Pagerie, on ne peut que lui conseiller de calmer ses petits nerfs, manifestement trop fragiles.

Gérald Darmanin : l’ami des très riches

Si on ne peut pas dire que la déclaration de politique général de Michel Barnier restera dans les mémoires pour son éloquence et sa fougue, on a tout de même noté que des mesures fiscales étaient à l’ordre du jour. En particulier, une imposition supplémentaire pour une poignée de personnes. Néanmoins, tant qu’on n’a pas le projet de loi de finances pour 2025, tout le monde en est réduit aux spéculations. 

Cela n’a pas empêché Gérald Darmanin de brailler sur France Info le jeudi 3 octobre 2024 « je ne voterai pas le budget ». Motif ? « Je ne voterai pas d’augmentation d’impôts ». Impôts qui toucheraient les classes populaires et moyennes ? Non. Toujours selon France info « Le gouvernement annonce jeudi matin une augmentation d’impôts pour les 0,3 % de ménages les plus fortunés, avec l’ambition de trouver 60 milliards d’euros en 2025 ». Pour parler plus clairement, il s’agirait — au moment où nous écrivons ces lignes — d’une imposition supplémentaire pour les personnes seules gagnant plus de 250 000 € par an ou 500 000 € pour un couple sans enfant, de manière temporaire. On est très loin de l’impôt injuste et arbitraire, qui toucherait l’ensemble des Français, sans distinction de revenus, comme la TVA. Ou de l’augmentation brutale des cotisations sociales pour les microentrepreneurs, décrétée le 30 mai 2024, mesure qui touche justement les indépendants appartenant à la classe populaire ou moyenne.

Au-delà du fait qu’on trouve très amusant que Gérald Darmanin refuse de voter un texte qu’il ne connaît pas encore, on le trouve étrangement silencieux au sujet de Bruno Retailleau, qui parle sereinement de sortir de l’état de droit. 

Le soutien à Bruno Retailleau : les comptes ne sont pas bons

Dans le Figarovox, 170 parlementaires Les Républicains ont publié une tribune de soutien à la déclaration tonitruante de Bruno Retailleau concernant l’état de droit dont il faudrait sortir. En fait, on avait mal compris : il s’agit de l’état du droit et non de droit. Laissons le ministre de l’Intérieur jouer avec la sémantique, qui ne trompe personne et regardons les chiffres.

Relevons un détail : le Figarovox titre « 170 parlementaires », puis écrit dans son chapô : « près de 170 députés et sénateurs ». On a passé la liste dans Excel. Le tableau est formel : la liste comporte 135 noms. Or, des parlementaires Les Républicains, qui n’ont pas signé cette tribune, on en a trouvé.

Chez Arcadie, on aime les listes et les chiffres donc on a pointé les parlementaires qui ne souscrivent pas aux propos de Bruno Retailleau. Côté Assemblée nationale, ils sont quinze et pas les plus révolutionnaires : Antoine Vermorel-Marques, Émilie Bonnivard, Guillaume Lepers, Hubert Brigand Jean-Luc Bourgeaux, Jérôme Nury Marie-Christine Dalloz, Nicolas Forissier, Philippe Gosselin, Philippe Juvin, Véronique Louwagie, Vincent Descoeur, Vincent Jeanbrun Vincent Rolland et Xavier Breton. Ils sont seize côté Sénat : Alain Cadec, Albéric de Montgolfier, André Reichardt, Annick Petrus, Antoine Lefèvre, Bruno Belin, Catherine Di Folco, Évelyne Renaud-Garabedian, Gérard Larcher, Jean-François Husson, Jean-Luc Ruelle, Marc-Philippe Daubresse, Marie Mercier, Marie-Pierre Richer, Micheline Jacques et Nadine Bellurot. 

S’il est vrai que Les Républicains sont majoritaires au Sénat, le ministre de l’Intérieur devrait se souvenir de deux détails : Les Républicains décrochent de plus en plus à chaque élection et c’est toujours l’Assemblée nationale qui a le dernier mot sur les textes.