Les candidats à l’épreuve du Web
Nous avons un grand nombre de candidats – déclarés ou non – à l’élection présidentielle 2017 ou à la primaire de la droite et du centre et qui dit élection dit plan de communication et une stratégie de communication ne serait pas complète sans site Web. Petit audit qualitatif des sites Web de certains candidats.
La méthodologie
Qu’il soit clair dans l’esprit du lecteur qu’il n’a pas été question d’analyser le contenu des programmes et des idées, mais bien d’évaluer la qualité des sites ainsi que leur conformité aux standards du Web.
Deux outils ont principalement été utilisés :
À côté de ces deux outils très complets, les éléments suivants ont été étudiés :
- La présence de mentions légales ;
- La présence de déclaration auprès de la CNIL ;
- L’hébergeur et la localisation du serveur ;
- La présence de HTTPS ;
- L’outil d’analyse statistique.
En ce qui concerne le module complémentaire OpQuast Desktop, tous les référentiels ont été utilisés à l’exception d’Open Data.
Les sites étudiés ont été ceux qui ont spécialement été conçus en vue de l’élection ou reconstruits dans ce but, c’est pour cela que tous les candidats n’ont pas été passés au crible, mais peut-être que les erreurs relevées leur permettront de faire mieux.
Enfin, à proprement parler, ce n’est pas l’ensemble des sites qui ont été audités, mais principalement la page d’accueil.
Les résultats
Première analyse
Voici ce qui est ressorti d’une première analyse rapide :

Dans la catégorie très mauvais élève, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson, malgré leur recours à un hébergeur français, se distinguent par leurs absences de mentions légales, de déclarations CNIL et de certificat SSL alors qu’ils collectent des données personnelles.
On aurait pu mettre Alain Juppé dans la catégorie bon élève s’il n’avait pas choisi d’héberger son site de campagne par Nation Builder et s’il avait opté pour un certificat SSL.
On espère qu’en ayant autant recours à des outils et des services américains, ces candidats n’auront pas l’indécence de nous expliquer en quoi la souveraineté numérique est une notion essentielle. À toutes fins utiles, il semble important de rappeler que lorsque vous êtes une personnalité politique, la présence de mentions légales sur votre site Web est une obligation et que procéder à une déclaration de fichiers auprès de la CNIL fait partie des bases.
Parmi les petites pitreries, on notera que les candidats ayant eu recours à Nation Builder n’ont pas fait vérifier le travail final, la langue n’étant pas toujours déclarée ou étant anglaise, ce qui est assez amusant pour des candidats à une élection nationale française.
Autre élément très troublant : le site de Nicolas Sarkozy fait un appel aux dons pour financer une campagne — pour laquelle il ne s’est toujours pas officiellement déclarée au 1ᵉʳ juin 2016 – et si la partie « dons » présente effectivement un certificat SSL, il n’est pas présent sur l’ensemble de la plateforme, ce qui est assez exotique.
Les résultats fournis par Site Analyzer
L’outil fourni par Site Analyzer n’a pas pu procéder à l’étude de deux sites Web : celui d’Arnaud Montebourg et celui d’Emmanuel Macron. Voici les résultats :

Avant le 1ᵉʳ juin 2016, la plus mauvaise élève était NKM mais la note globale des autres candidats n’est pas franchement meilleure et c’est d’autant plus dommageable que la section accessibilité de cet outil est celle où un score de 100/100 est tout à fait faisable. Mais c’est désormais Nicolas Sarkozy qui présente le pire site de campagne.
Derniers tests : OpQuast
Les résultats fournis par OpQuast
OpQuast Desktop pour Firefox est un module complémentaire gracieusement fourni par la société Temesis, qui travaille depuis un certain nombre d’années sur les questions de qualité et d’accessibilité de services Web. Elle a notamment commis un guide complet sur la mise en conformité au RGAA et le WCAG, qui sont des référentiels pour l’accessibilité des sites Web, critère qui est obligatoire pour les sites de services publics, de personnalités politiques et d’associations reconnues d’intérêt général.
Voici l’analyse de ce module :

Analyse avec OpQuast

Encore une fois, même si Alain Juppé est celui qui obtient la meilleure note, il est dommage que les candidats ne se soient pas penchés sur la question de l’accessibilité.
Conclusion
On ne demande pas aux candidats de savoir coder ni même d’être chef de projet Web pour procéder à ces différents tests eux-mêmes, ce n’est ni leur travail, ni leur rôle, ni dans leur sphère de compétence. Mais on s’attend au moins à ce qu’ils s’entourent de personnes dont c’est le métier. Le problème principal est qu’ils font preuve de négligence sur ces questions, privilégient le bénévolat, mais qu’ils sont prêts à débourser des sommes importantes pour des QG de campagnes dans des quartiers de Paris dont les loyers sont onéreux. Opter pour des solutions clefs en main est acceptable si lesdites solutions sont techniquement valables et qu’elles fournissent un avantage qualité/prix acceptable. Or, rien ne dit que le recours à ce prestataire coûte moins cher qu’un vrai développeur/chef de projet avec un hébergeur français. C’est d’autant moins acceptable que parmi les candidats ayant eu recours à National Builder, certains font l’éloge des indépendants ou du savoir-faire français dans le domaine numérique.
On attend – à tort ou à raison – des politiques, surtout quand ils ont des velléités présidentielles qu’ils donnent l’exemple et cela est valable aussi pour le numérique.
Mise à jour du 22 mai 2016 à 16 h 45 : sur les indications de @JohnShaftFr, le candidat Henri De Lesquen a été intégré dans cet audit. On notera que le candidat a choisi la voie de l’économie avec la solution WordPress et hébergeant chez WordPress mais que du point de vue de la qualité, il a réussi à mieux faire que certains candidats ayant opté pour des solutions plus onéreuses.
Mise à jour du 22 mai 2016 à 18 h 10 : sur les indications d’OS Souverain, le candidat Bastien Faudot a été intégré dans cet audit. On notera que pour un candidat représentant un « petit » parti, ayant peu de moyens, il tient la dragée haute aux candidats des grands partis, même si on peut déplorer quelques manquements, mais qui seront certainement faciles à corriger. Par ailleurs, le terme SSL semblant prêter à discussion, il a été remplacé par HTTPS.
Mise à jour du 1ᵉʳ juin 2016 à 15 h 40 : Nicolas Sarkozy obtient la plus faible note avec Site Analyzer. On notera également que la page appelant au parrainage du candidat contient des fautes d’orthographe, ce qui est assez original. On a peine à comprendre comment un ancien président de la République a pu valider un travail aussi médiocre.
Mise à jour du 9 juin 2016 à 10 h 46 : La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann a annoncé sa candidature et donc publié son site de campagne, comme me l’a signalé @FredericFaveral. Le site a été réalisé par une agence et on espère que la facture n’a pas été trop lourde au regard des résultats assez médiocres. Cette agence parait aussi avoir travaillé pour le député Jean-Louis Bricout, si on en juge par les mentions légales du site de campagne de la sénatrice.

Mise à jour du 10 juillet 2021 à 21 h 14 : les tableaux, n’étant pas lisibles, ont été remplacés par des images.
Un vrai travail de recherche
Un vrai travail de recherche et une façon d’ouvrir les yeux sur la réalité de 2016 🙂
Bons nombres de hauts fonctionnaires qui sont présents et encore une fois dans les choux
Et combien pensent qu’ils sont encore nos représentants …….
Merci 🙂
Merci 🙂
J’essaierai de l’enrichir au fur et à mesure des candidatures.
On note que l’analyse inclut
On note que l’analyse inclut beaucoup de « petits » candidats. Bravo ! Mais Francois Asselineau (11100 adhérents à son parti) est « oublié »… Encore bravo !