Le Gouvernement pourrait suspendre MaPrimeRénov’, pour cause de budget insuffisant, laissant les Français sur le carreau.
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MaPrimeRénov’ fragilisée par son succès et les restrictions budgétaires

Le Gouvernement pourrait suspendre MaPrimeRénov’, pour cause de budget insuffisant, laissant les Français sur le carreau.

Envolée des prix de l’énergie et pression réglementaire

Avec la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie se sont envolés, et la question de la rénovation énergétique des logements est devenue un enjeu à la fois économique et écologique pour les Français. Deux phénomènes sont venus aggraver la situation.

D’une part, les propriétaires ont l’interdiction de louer ce que l’on appelle des passoires thermiques, sur la base des diagnostics de performance énergétique (DPE). D’autre part, les banques se montrent beaucoup plus regardantes lors de l’octroi de prêts immobiliers. En fonction du DPE, un emprunteur peut se voir accorder ou refuser un prêt.

Un dispositif d’aide sous tension

Pour aider les Français à sortir de ce cercle, l’État avait mis en place un dispositif appelé MaPrimeRénov’, destiné à offrir un soutien financier aux personnes souhaitant rénover leur logement.

Mais le dispositif a été victime de son succès, au point que l’État a décidé de fermer le robinet. D’après Le Parisien et selon l’AFP, le gouvernement prépare des ajustements pour les prochaines semaines, et une suspension des aides est sur la table. Le nombre de logements rénovés grâce à cette aide a triplé depuis le début de l’année, alors que le dernier budget avait réduit les marges de manœuvre. Résultat : les caisses sont vides, faute d’avoir été suffisamment approvisionnées.

Alertes dans les collectivités

Selon l’AFP, sept collectivités de la région Grand Est ont alerté sur l’épuisement de l’enveloppe dédiée. Un budget de 3,6 milliards d’euros avait été alloué à MaPrimeRénov’. Le gouvernement ne prévoit pas de rallongement, ni d’instruction de nouveaux dossiers.

Concrètement, cela signifie que si des particuliers souhaitent faire rénover leur logement avec une aide de l’État, leur dossier sera retoqué.

Départements fragiles, passoires énergétiques en hausse

C’est une mauvaise nouvelle pour les Français, mais aussi pour les collectivités locales. En examinant les chiffres fournis par le ministère, on constate, exception notable de Paris, que les départements ayant les plus forts taux de logements vacants sont aussi ceux qui présentent les plus hauts taux de passoires thermiques.

Cartes France (hexagone) des logements vacants, comparé aux passoires thermiques.

C’est le cas notamment de la Creuse, de la Nièvre ou encore de l’Allier.

Carte de France (hexagone) des passoires thermiques par département — taux en pourcentage

Une décision attendue pour juillet

Le ministère du Logement temporise en indiquant que rien n’est encore décidé à ce stade. Si fermeture du guichet il devait y avoir, elle interviendrait à partir du mois de juillet jusqu’à la fin de l’année. Deux interrogations restent en suspens.

Flou budgétaire sur 2025 et 2026

Un projet de loi de finances rectificative pour 2025 pourrait être déposé devant le Parlement, mais à ce stade, rien ne semble en préparation. Une session extraordinaire de faible ampleur est envisagée. En clair, l’option est possible, mais reste-t-elle dans les plans du Premier ministre, qui redoute de procéder à des coupes budgétaires, au risque de connaître le même sort que son prédécesseur ?

L’autre interrogation concerne le budget alloué à la rénovation dans le projet de loi de finances pour 2026. Mal calibrée, l’enveloppe actuelle paraît insuffisante. Les parlementaires auraient toute légitimité à demander qu’elle soit doublée. Mais le gouvernement est-il prêt à porter le budget à 7 milliards d’euros, alors que François Bayrou a annoncé la nécessité de réaliser 40 milliards d’euros d’économies ?

Une séquence défavorable à l’écologie

Cette annonce intervient au pire moment pour le gouvernement. La semaine dernière, le projet de loi de simplification de la vie économique a acté la fin des Zones à Faibles Émissions (ZFE) et apporté certains aménagements à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN).

Hier, à l’Assemblée nationale, les députés ont rejeté la proposition de loi relative à la raison impérative d’intérêt public majeur de la liaison autoroutière entre Castres et Toulouse. Autant de signaux qui donnent l’impression que l’écologie devient une variable d’ajustement budgétaire.

Un coup dur pour le secteur de la rénovation

Au-delà de la problématique du logement et de l’écologie, le coup de frein à MaPrimeRénov’ est une mauvaise nouvelle pour le secteur de la rénovation, en pleine expansion et pourvoyeur d’emplois qualifiés.

Si François Bayrou échappera aux questions des députés demain, en raison d’une motion de censure déposée par La France Insoumise — dont on sait déjà qu’elle sera rejetée, le PS et le RN ayant indiqué qu’ils ne la voteront pas — il n’est pas certain qu’il puisse longtemps faire l’économie de véritables décisions budgétaires.