Musk au Parlement européen ? Le RN le veut
On sait que les partis d’extrême-droite regardent Elon Musk avec les yeux de Chimène, surtout depuis que son candidat a été élu à la Maison-Blanche.
Depuis la fin du mois de novembre, Elon Musk ne se contente plus du seul terrain de jeu américain et multiplie les ingérences politiques dans les pays européens, en utilisant son réseau social X (anciennement Twitter).
Ingérences d’Elon Musk dans la politique européenne
En décembre 2024, il affichait son soutien à l’AFD — le parti d’extrême-droite allemand.
Au début du mois de janvier 2025, il s’en est pris à Keir Starmer, actuel Premier ministre britannique, l’accusant d’avoir couvert les affaires d’exploitation sexuelle, qui ont secoué le Royaume-Uni dans les années 2010. Il a aussi réclamé la libération de Tommy Robinson, fondateur de l’English Defence League.
Tant et si bien que les dirigeants européens commencent à parler ouvertement d’ingérences étrangères pour qualifier les propos d’Elon Musk. Emmanuel Macron, sans le nommer précisément, parle de « nouvelle internationale réactionnaire », ce qui ne l’a pas empêché de l’inviter à l’inauguration de Notre-Dame.
Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol a repris cette expression. Jean-Noël Barrot, actuel ministre des Affaires étrangères n’exclut pas une interdiction de X (anciennement Twitter).
Pour autant, en France, tout le monde n’est pas aligné sur le sujet. Éric Ciotti ou Guillaume Kasbarian n’ont pas hésité à afficher leur admiration pour l’entrepreneur sulfureux. Jordan Bardella essaie d’attirer son attention, pour le moment, sans succès. Quant à son groupe parlementaire, il avait même proposé son nom pour le prestigieux prix Sakharov.
Le RN déroule le tapis rouge à Musk
Le 14 janvier 2025, plusieurs députés européens, dont neuf Français ont envoyé un courrier à Roberta Metsola, présidente du Parlement européen. Objet du courrier ? Inviter Elon Musk à s’exprimer en séance plénière, en tant que « pionnier de la révolution numérique, ayant redéfini l’innovation en dépassant le cadre non productif ».
Chez les eurodéputés français, tous appartiennent au groupe des Patriotes pour l’Europe, mais tous les membres du groupe ne l’ont pas signé.
Le courrier s’est retrouvé sur les réseaux sociaux : il n’a pas fait l’objet d’un communiqué de presse ou d’une communication publique. Tout au plus, nos confrères d’Euractiv en ont fait état. Il fallait donc s’assurer de l’existence même du courrier.
Cela n’a pas été aussi simple qu’on aurait pu le penser : même chez les assistants parlementaires des eurodéputés concernés, on n’était pas au courant de cette initiative, manifestement toute personnelle.
Malika Sorel confirme l’existence de ce courrier « Le Parlement européen dispose de la possibilité de recevoir des personnalités afin de les entendre sur leurs sujets et domaines de compétence. Nous avons jugé qu’il était très intéressant de recevoir Monsieur Musk, entre autres, dans le prolongement du rapport de Monsieur Mario Draghi sur les multiples faiblesses de la compétitivité de l’Union européenne ».
Mais, elle n’explique pas pourquoi le choix s’est spécifiquement porté sur Elon Musk ni pourquoi l’ensemble du groupe n’a pas signé la missive. Quant aux éventuelles compétences d’Elon Musk en matière de compétitivité, il convient de rappeler que ses entreprises dépendent fortement de l’administration américaine, ce qui explique son rapprochement avec Donald Trump. Twitter a perdu 80 % de sa valeur depuis qu’il l’a racheté. Rappelons enfin que Musk a dû rassurer les investisseurs de Tesla, en raison de sa consommation de kétamine.
Virginie Joron donne une autre justification « Nous avons besoin d’exemples comme lui pour inspirer l’esprit d’entreprise en Europe. Elon Musk s’est aussi engagé lors du rachat de Twitter pour la liberté d’expression, une valeur forte en démocratie. Or, depuis l’annulation des élections roumaines en décembre dernier, le climat instauré à Bruxelles par la Commission et certains parlementaires est particulièrement inquiétant. Certains sont tellement aveuglés par leur idéologie qu’il leur est impossible de concevoir que d’autres personnes ne pensent pas comme eux. S’ils ont perdu les élections, c’est forcément la faute d’un élément extérieur qu’ils ne peuvent contrôler parfaitement : TikTok en Roumanie [NDLR c’est partiellement faux. Les élections roumaines n’ont pas été annulées uniquement à cause de TikTok] ou X aux États-Unis. En France, nous avons même un ministre du numérique qui se dit prêt “à bannir X/Twitter en Europe”. Dans l’Histoire, la censure a souvent été un instrument d’un pouvoir en perte de légitimité. Pour son combat contre la censure, Elon Musk a été proposé pour le prix Sakharov le 19 septembre 2024 par Jordan Bardella et les eurodéputés du groupe des patriotes ».
Tentatives de séduction à sens unique
On peut se demander ce qu’en pensent les autres députés européens. Arash Saeidi semble partagé entre amusement et consternation « inviter Elon Musk, c’est quasiment abdiquer et faire allégeance. On n’a pas besoin de lui pour prendre des décisions ».
Il n’est pas dit que les tentatives désespérées du Rassemblement national pour attirer l’attention d’Elon Musk et Donald Trump portent leurs fruits. En réaction au courrier, Elon Musk s’est contenté d’un « c’est cool ».

Marine Le Pen n’a pas été invitée à l’investiture américaine, au contraire d’Éric Zemmour, de Sarah Knafo et de Marion Maréchal. Côté RN, Julien Sanchez et Louis Aliot se sont envolés aujourd’hui pour Washington DC, pour représenter le Rassemblement national lors de la cérémonie.