Nouvelle galaxie : le réseau MIR
Le 14 mars 2023, un congrès réunissant tous les Poutinolâtres du monde s’est tenu à Moscou, sous l’égide de Nikolaï Malinov. Objectif : créer une coalition des « russophiles ». Vaguement relayé à l’époque, surtout par la sphère conspirationniste française, le mouvement continue de faire des petits à travers le globe.
Malinov était à la tête du mouvement russophile bulgare et avec Steven Seagal, il a créé le Mouvement International des Russophiles (MIR ou MDR, les deux acronymes sont utilisés). Le congrès fondateur a eu l’honneur d’accueillir Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. Si ce dernier réfute tout lien de subordination, comme en atteste un récent communiqué de presse de sa porte-parole, on admettra que cette soudaine association arrange ses affaires.
Parmi les invités, on note la participation d’Alexandre Douguine ainsi que de Konstantin Malofeev. Le compte rendu du congrès relève la présence de 42 représentants de pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Pour les Français, on retrouve évidemment Pierre de Gaulle et Fabrice Sorlin, vice-président du mouvement. Quant à Vladimir Poutine, il s’est fendu d’un télégramme élogieux. Tout le gratin s’était rué à cet évènement.
Depuis, plusieurs branches ont vu le jour, en Italie, en Australie, en République tchèque, en Slovaquie et depuis la fin du mois d’août 2023, en France, grâce à Didier Vialla et Emmanuel Leroy.
Le premier est ingénieur commercial de profession, mais ce n’est pas un néophyte de la politique. Il figurait sur « la liste de la reconquête » pour les élections européennes.
Il ne s’agit pas du parti d’Éric Zemmour, à l’appellation très proche, mais d’une autre entité : Dissidence Française. Cette dernière a été dissoute en 2020 et ses membres ont créé une autre entité : le Mouvement national-démocrate. Depuis, le parti semble en sommeil.
Didier Vialla n’est pas devenu Poutinolâtre du jour au lendemain : son engagement a l’air assez ancien. Ainsi, on le retrouve dans une autre association : France-Russie Convergences, créée en 2013. Adhérent au narratif du Kremlin sur le Donbass, depuis quelques mois, l’association a pris un nouveau tournant : lutter contre la russophobie. En 2022, il a organisé plusieurs manifestations de soutien, dont une à Marseille, relayée par Riposte Laïque et une autre à Nice.

Et c’est ainsi qu’avec Emmanuel Leroy, Didier Vialla devient président de la Fédération Francophone du Mouvement International Russophile.
Quant à Emmanuel Leroy, en plus de sa fonction de trésorier de l’association, il est auteur dans la revue « Méthode », qui se présente comme « revue officielle des Instituts franco-russes ». Le dernier numéro paraît dater du mois de novembre 2021 et dans les auteurs, on retrouve Christian Vanneste, l’ancien député de Tourcoing et ancien employeur de Gérald Darmanin.
Sur le site de la revue, Emmanuel Leroy est présenté comme politologue et président de l’association Urgence Enfants du Donbass. Il intervient aussi dans France-Soir et avait participé à un site « Stop Russophobie ».
Comme expliqué dans « le jeu des ombres : les ingérences étrangères à ciel ouvert », la russophobie est devenue un argument de propagande au sein des démocraties occidentales, assimilant la critique du pouvoir en place à un racisme décomplexé, qui serait encouragé dans les médias.
Le site du MIR ou MDR contient d’ailleurs une page recensant toutes les supposées manifestations de russophobies. La France n’y est pas indexée.
Mais, surtout, le MIR ou MDR n’entend pas rester une simple association culturelle. Malinov souhaite utiliser le droit de pétition, prévu par le Traité de Lisbonne, pour demander la levée des sanctions qui frappent la Fédération de Russie. Tout citoyen de l’Union européenne ou qui y réside peut adresser au Parlement européen, individuellement ou collectivement, une pétition au sujet d’une question relevant d’un domaine de compétence de l’Union européenne et le concernant directement. Le seuil de signature est d’un million. Dès que les signatures sont validées, la pétition doit arriver sur le bureau de la commission des pétitions. Cette dernière ne croule pas exactement sous les textes et on y retrouve notamment Jordan Bardella et Jérôme Rivière.
Si on ne sait pas ce qu’il adviendra de Jérôme Rivière dans quelques mois, il est probable que Jordan Bardella soit reconduit dans son mandat de député européen et regarde avec bienveillance cette pétition. En effet, le Rassemblement National a souvent indiqué qu’il n’était pas favorable aux sanctions infligées à la Fédération de Russie, arguant qu’elles pénalisaient davantage les Français que les Russes.
En plus de la pétition, Malinov souhaite créer des Instituts de lutte contre la russophobie, avec un prix du « Russophobe de l’année » ainsi qu’une contrefaçon du concours de l’Eurovision.
Si la guerre en Ukraine a permis de faire un nettoyage de façade dans les médias sur les propagandistes de Moscou, c’est désormais le secteur culturel et associatif qui prend le relais.