Pascale Boyer recycle l’ancien député Benoît Simian
Chaque premier du mois, la liste des collaborateurs parlementaires – aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat – subit une grosse mise à jour, les contrats démarrant généralement le premier de chaque mois.
Parmi les habitués des mises à jour, section collaborateurs, on retrouve Pascale Boyer. Depuis le début de la XVIe législature, pas moins 15 collaborateurs – trois sont toujours en poste – se sont succédé pour assister la député.
Sur les trois, l’un est le suppléant de Pascale Boyer et deux sont à mi-temps chez la député. Fait amusant : le turn-over chez Pascale Boyer est tel que les déclarations HATVP ne suivent pas. En effet, la loi sur la transparence dans la vie publique impose aux parlementaires de faire une nouvelle déclaration en cas de changement de collaborateurs. Sauf que manifestement, les collaborateurs changent beaucoup trop fréquemment chez Pascale Boyer pour que le rythme des déclarations auprès de la HATVP puisse suivre.
Manifestement, les difficultés relationnelles, pour parler pudiquement, dont nos confrères de Libération avaient fait état l’été dernier, sont toujours d’actualité. Morale de l’histoire : le « name & shame » n’est pas toujours un outil efficace.
Mais, le recrutement du mois de mai 2024 ne manque pas de saveur, car c’est une figure bien connue qui fait son retour à l’Assemblée nationale : Benoît Simian. Initialement, on aurait pu penser à un homonyme, mais, après vérification, il s’agit bien de Benoît Simian, l’ancien député de Gironde. Il a donné beaucoup de travail à nos confrères de Médiapart. Le 23 juin 2022, il a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour le harcèlement de son ex-conjointe.
Depuis la perte de son mandat, l’ancien député n’a pas l’air de briller par une activité professionnelle débordante.
Selon nos informations, Benoît Simian aurait fait son retour à l’Assemblée nationale, en tant que collaborateur de Pascale Boyer, le 29 avril 2024, avec un ajout sur la fiche de Pascale Boyer le 3 mai 2024.
À ce stade, on s’interroge : le déontologue de l’Assemblée nationale a-t-il été consulté avant cette embauche ? On en doute, car il n’aurait pas manqué de relever le risque qu’il représente pour les autres collaborateurs.
En février 2022, Benoît Simian a été visé par une enquête, après un signalement émanant du déontologue de l’époque, pour des faits de harcèlement. Toujours selon Médiapart, il avait contraint l’une de ses collaboratrices à dormir dans la même chambre que lui et aurait multiplié les messages intimes. Il n’y a pas de nouvelles concernant ce dossier.
Si à l’époque, Benoît Simian avait été relativement protégé, la donne a changé et il est probable qu’il sera surveillé comme le lait sur le feu par les autres collaborateurs et leurs syndicats. Reste à savoir combien de temps il va rester collaborateur, lui qui semble tant aimer la lumière.
Sollicitée, Pascale Boyer n’a pas répondu à nos questions.
Mise à jour du lundi 6 mai 2024 à 13 h : Pascale Boyer a répondu par email, avec les éléments suivants : « Il s’agit de l’ancien député. J’ai décidé de travailler avec lui, car c’est lui qui a produit un rapport pour Elisabeth Borne sur l’hydrogène et a permis la réalisation de la première usine en France de piles à combustible, hydrogène à l’ancien site de l’usine Ford. Mon choix est celui de la compétence sur les sujets que je porte. »