Plus de dépenses contraintes : un mois de mai au pain sec pour les Français
Dès le mercredi 1ᵉʳ mai 2024, un certain nombre de mesures vont entrer en vigueur, mesures qui vont se traduire par une diminution du pouvoir d’achat des Français.
Des consultations médicales plus chères
Quand vous allez chez le médecin, vous avez ce qu’on appelle un reste à charge, c’est-à-dire une somme que vous payez de votre poche, qui n’est pas prise en charge par la Sécurité sociale, sauf cas très limités.
Jusqu’au 15 mai 2024, ce reste à charge est de 1 €. Après le 15 mai 2024, il passera à 2 € y compris pour les personnes souffrant d’affection longue durée, ayant un arrêt de travail, une maladie professionnelle, etc.
Le Gouvernement justifie cette mesure par une dégradation des comptes de la Sécurité sociale. Cette augmentation vient s’ajouter à la part qui n’est plus remboursée sur les médicaments depuis le 31 mars 2024.
Le CPF devient payant
C’était l’une des mesures phares du précédent quinquennat : le compte personnel de formation, qui permettait à tous les salariés (et anciens salariés devenus indépendants) de se former. L’offre était très large, allant du permis de conduire aux stages de langues, y compris à l’étranger, en passant par le développement informatique.
Mais, en raison d’un manque flagrant de contrôle, des escrocs ont vendu de fausses formations, lésant des milliers de Français.
Plutôt que d’intensifier les contrôles, le Gouvernement a choisi la pénalité financière pour les Français. Selon un projet de décret, qui devrait paraître demain ou mercredi, et prenant effet à partir du 1er mai 2024, les bénéficiaires du CPF devront débourser 100 € pour bénéficier d’une formation.
D’après l’AFP, les demandeurs d’emploi seront exemptés de cette participation forfaitaire. Ce choix de pénalité financière interroge d’autant plus que l’un des freins à l’emploi est le manque de formation des salariés.
Suppression de l’aide pour les entreprises accueillant des alternants
C’est une très mauvaise nouvelle pour les PME qui accueillent des alternants : en vertu d’un décret paru au Journal officiel du 28 avril 2024, l’aide à l’embauche des alternants en contrat de professionnalisation est supprimée. Elle devait être supprimée au 31 décembre 2024, mais il y avait toujours un espoir que ce dispositif soit prolongé.
L’aide de 6 000 € est supprimée, ce qui va se traduire par une raréfaction des offres d’accueil pour les alternants, qui auront plus de difficultés à trouver des entreprises pouvant les accueillir.
Dans un communiqué de presse du 15 avril 2024, la confédération des PME avait manifesté son hostilité à cette mesure, rappelant que près d’un million de jeunes avaient pu accéder à des formations.
Contexte tendu
Ces trois mesures interviennent dans un contexte délicat. D’une part, les Français sont attendus aux urnes le mois prochain pour les élections européennes et rien ne les interdit de transformer ce scrutin, en sanction envers le Gouvernement. Cela n’aura aucune incidence sur les enjeux européens dans la mesure où toutes les décisions qui sont évoquées ici sont du ressort national. Néanmoins, le président de la République ayant appelé à la mobilisation de l’ensemble de son camp, il peut être tentant de manifester son mécontentement dans les urnes, plutôt que dans la rue.
D’autre part, Bruno Le Maire est en ce moment devant l’Assemblée nationale pour un débat sans vote sur l’orientation et la programmation des finances publiques.
Ajoutons enfin un dernier élément qui peut faire basculer l’opinion publique : le durcissement des conditions de l’assurance chômage.
Deux pistes ont surgi ces derniers jours : un allongement du délai de carence en cas de maladie — c’est-à-dire un temps pendant lequel le salarié n’est pas indemnisé par la Sécurité sociale — et l’allongement du délai de carence en cas de rupture conventionnelle ou de licenciement. Ce sont nos confrères du Point qui nous rapportent l’information.
Dans certaines hypothèses, un salarié licencié ou qui a quitté l’entreprise suite à une rupture conventionnelle doit attendre jusqu’à six mois pour toucher les allocations pour lesquelles il a cotisé. Catherine Vautrin aurait évoqué avec la CGT la piste d’un allongement de ce délai de carence, qui serait de huit mois.
Le Gouvernement va devoir faire preuve de pédagogie pour faire passer les différentes mesures d’assainissement des finances publiques.