
À qui est destiné le rapport sur les Frères Musulmans et l’islamisme politique en France ?
Nos confrères du Figaro avaient réussi à obtenir un exemplaire du rapport sur les Frères Musulmans et l’islamisme politique en France avant sa publication officielle.
Immédiatement, les élus de tout bord ont embrayé sur le sujet, notamment Gabriel Attal, qui en a profité pour faire connaître son idée d’interdire le voile aux mineures de moins de 15 ans dans l’espace public.
Ce mercredi 21 mai 2025, le rapport a été rendu public. À sa lecture, on s’interroge : à qui est-il destiné ? Les élus ou les journalistes ou les chercheurs qui s’intéressent au sujet n’apprendront strictement rien de neuf, surtout s’ils ont lu au moins un des ouvrages listés dans la bibliographie.
Pour le grand public, le rapport est assez aride, débutant par une longue introduction sur les Frères Musulmans et faisant des points de comparaisons avec des États voisins. Introduction dont on peut aisément se passer en consultant Wikipédia.
Quant aux élus locaux, il n’est pas dit qu’ils soient plus éclairés, tout au plus, comprendront-ils qu’il est possible que des associations aient des intentions cachées, peu compatibles avec les valeurs de la République.
D’autant que le rapport ne donne presque aucune indication précise ni réel mode d’emploi, probablement pour laisser le champ libre au politique de s’emparer du sujet et de proposer des solutions concrètes.
Mais, ils seront bien en peine : il n’y a que très peu d’éléments concrets. À titre de comparaison, l’ancien rapport d’information d’Éric Diard et Éric Poulliat sur les services publics face à la radicalisation est beaucoup plus explicite.
Le rapport ne propose aucune carte, ne fournit quasiment pas de données chiffrées et objectivables permettant aux décideurs publics de proposer des solutions. Il fait également abstraction de la désaffection des services publics dans certains territoires, qui a laissé le champ libre à certains groupements. L’expression même de service public est absente du rapport alors même que le secteur éducatif est présenté comme « la priorité de la branche française » et qu’il souligne que les parents qui scolarisent leurs enfants dans des établissements liés au mouvement frériste recherchent davantage l’excellence scolaire.
De même, le nerf de la guerre, à savoir les flux financiers n’est pas du tout abordé, à part quelques allusions très superficielles.
Reste à savoir ce que pourront en faire le Gouvernement ou les parlementaires.
Le rapport est disponible ici.