Le RN a utilisé des extraits de Kaamelott pour un clip vidéo. Problème : la production de la saga n’était pas au courant.
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Quand le RN utilise Kaamelott pour sa communication, dans le dos de la production

Alors que le Rassemblement National a déposé plusieurs amendements visant à supprimer les différentes aides et niches fiscales du cinéma, ce même parti aime pourtant bien utiliser un de nos succès populaires pour sa communication.

Dans une vidéo mise en ligne sur Instagram le 7 octobre 2025*, visant à se moquer de Bruno Retailleau, le parti a inséré plusieurs passages de la série Kaamelott, plus précisément des citations d’Alexandre Astier, interprétant le roi Arthur.

Problème : Alexandre Astier s’est toujours tenu très éloigné de la politique partisane. Ainsi, dans une interview réalisée par Yann Barthès en 2021 sur le plateau de Quotidien, il dit « Je ne suis pas ces trucs-là de près. En général ça me rend assez triste, j’ai du mal » et poursuit « J’ai du mal avec la com’ politique. Je crois qu’il y a beaucoup de gens qui vont voter pour celui qui a gagné le capital sympathie ». Tout au plus, il indique avoir une certaine sympathie pour le maire de la commune des Estables, qui a servi de lieu de tournage.

On a contacté la production de Kaamelott et la réponse est sans ambiguïté « Nous ne sommes absolument pas au courant et nous découvrons cette utilisation qui a été faite sans information ou autorisation préalable. Nous entendons demander le retrait de ces images dans les meilleurs délais. »

Si certains acceptent volontiers de se prêter au jeu de la politique partisane, ce n’est pas le cas de tout le monde. Chez nos voisins américains, DJ Snake avait exprimé son désaccord quant à l’utilisation de sa musique lors de la Convention Démocrate en 2024.

En France, c’est Éric Zemmour qui avait été pris la main dans le sac pour son clip de campagne, dans lequel il avait inséré des séquences du film Jeanne d’Arc, réalisé par Luc Besson.

Comme l’explique M° Simon Rolin, dans une note du cabinet Fournol « En outre, il est de jurisprudence constante que cette exception de courte citation ne s’applique pas aux œuvres d’art visuel. Dans le cas du clip de campagne d’Éric Zemmour, il semble difficile de rapporter la preuve de fins didactiques. Mais surtout, le droit moral des auteurs, inaliénable par nature, apparaît être violé au regard de l’absence de mention des auteurs des œuvres citées et, éventuellement, au regard du travestissement de l’œuvre par le message politique porté par le candidat à la présidentielle ».

En mars 2022, Éric Zemmour a été condamné pour contrefaçon de droits d’auteur pour l’utilisation non autorisée d’images de son clip de campagne.

Le Rassemblement National devrait certainement faire suivre une formation en propriété intellectuelle de son équipe de communication pour éviter d’avoir à retourner une nouvelle fois au tribunal.


*Remerciements à notre confrère d’Entourages, Fabrice Pozzoli-Montenay pour cette découverte.