
Vol de contenus journalistiques : une première sanction
C’est un problème récurrent pour tous les éditeurs de presse : le vol complet de leurs contenus, soit par des comptes de réseaux sociaux, soit par des sites Web « pirates ».
La plupart des sites Web concernés utilisent WordPress et certaines extensions, qui permettent de récupérer de façon automatique et massive, les articles et les illustrations des journaux et magazines, sans rétribution. Ces extensions sont disponibles assez facilement, parfois gratuitement et sont de plus en plus performantes.
Pour se rémunérer, ces sites pirates passent par des régies publicitaires, telles qu’AdSense ou par d’autres canaux, tels que l’affiliation. En fonction du trafic, ce type de site peut générer quelques dizaines d’euros par jour, sans avoir besoin de réellement travailler.
Cela existait bien avant la démocratisation des outils d’intelligence artificielle, mais, avec l’avènement de ChatGPT et toutes les extensions actuelles, ce type de sites ont procédé à une quasi-industrialisation de la piraterie journalistique.
Contrairement à une rédaction, ils n’ont pas de journaliste, ils ne paient pas les dépêches des agences de presse ni les photographes et dans la majorité des cas, n’achètent même pas les designs des sites.
Ainsi que le rapporte l’AFP, le tribunal judiciaire de Paris vient d’ordonner le blocage d’un des sites, News.DayFr.com, suite aux poursuites intentées par une quarantaine de journaux français, victimes de ses agissements.
C’est une première, mais, certainement pas la dernière affaire de ce type, tant la pratique est devenue monnaie courante.
Les fournisseurs d’accès à Internet et opérateurs mobiles ont quinze jours pour empêcher l’accès à ce site, sur l’ensemble du territoire, et cela, pour une durée de 18 mois.
Le tribunal a considéré que « Le site litigieux permet aux internautes d’avoir accès à des œuvres protégées » sans autorisation », ainsi « l’atteinte aux droits d’auteur et aux droits voisins est constituée ».
En cas de modification du nom de domaine ou du lien, les journaux pourront enclencher une procédure accélérée devant le tribunal.
Le principal intéressé n’était pas présent au procès et pour cause : le site n’affiche aucune mention légale, son identité est cachée dans le WHOIS et après analyse de ses traces Google, ne partage pas ses tags Google avec d’autres sites Web.
Me Emmanuel Soussen a indiqué à l’AFP vouloir faire un exemple et avertir les auteurs de ce type de site ce qu’ils encourent.
Reste à voir si les autres concepteurs de sites pirates et les autres prédateurs de contenus notamment sur les réseaux sociaux feront aussi l’objet de poursuites judiciaires.