Yaël Braun-Pivet devient Présidente de l’Assemblée nationale
Ce 28 juin 2022 était l’ouverture de la XVIe législature. Les députés ont fait leur rentrée officielle à l’Assemblée nationale.
Rentrée des classes
Contrairement à la XVe législature, où les primodéputés étaient majoritaires, la XVIe législature affiche une composition plus mixte. Bien que la composition des groupes ne soit pas encore connue, dans leur quasi-totalité, les primodéputés côtoient des députés chevronnés. Exception notable pour le groupe des députés du Rassemblement national où les nouveaux sont très majoritaires. Du côté de La France Insoumise, les nouveaux députés ne sont pas totalement novices : un certain nombre d’entre eux ont été collaborateurs parlementaires.
Tradition oblige, la séance inaugurale de la législature est aussi celle où les journalistes sont presque aussi nombreux que les députés. C’est le moment où les premiers font connaissance avec les seconds, où les micros et les appareils photo sont dégainés.
L’autre tradition est la photo de groupe politique ou parlementaire et on peut décerner le prix de la meilleure photographie à Sébastien Jumel, député communiste, pour cette photo. Le groupe communiste accueillera plusieurs députés ultramarins, dont le député Moetai Brotherson, député de la Polynésie française. Le roulement de tambour de la Garde républicaine se fait entendre : il est l’heure de rejoindre l’hémicycle pour la première fois.
Inauguration par le doyen d’âge
Comme le veut le Règlement de l’Assemblée nationale, c’est le doyen d’âge de l’Assemblée nationale qui ouvre la législature et annonce le premier scrutin : celui qui désigne le Président de l’Assemblée nationale. Les groupes n’étant pas encore officiellement constitués, les places ne peuvent pas être attribuées dans l’hémicycle. Les députés sont donc assis par ordre alphabétique. Ce qui fit se côtoyer des députés radicalement opposés politiquement.
Avant d’appeler au scrutin, José Gonzalez, député du Rassemblement national, a fait un discours, qui n’était pas exactement consensuel. Convoquant ses souvenirs d’enfance, il s’est lancé dans ce qui est apparu aux yeux de certains commentateurs, dans une apologie de l’Algérie française. La forme de ce discours d’introduction est relativement libre, mais il est également attendu, de façon implicite, qu’il soit neutre politiquement.
Ce n’était pas le ton choisi par José Gonzalez. Après la désignation des scrutateurs — les députés les plus jeunes en l’espèce — la lettre E a été tirée au sort. Les députés ont été appelés par ordre alphabétique pour déposer leur bulletin dans l’urne. Cet exercice est aussi l’occasion pour les journalistes et les fonctionnaires de l’Assemblée nationale d’apprendre le nouveau trombinoscope de la maison.
Deux tours et s’installe au perchoir
Pour le premier tour de ce scrutin, totalement secret, les candidats étaient les suivants :
- Yaël Braun-Pivet pour la majorité présidentielle ;
- Nathalie Bassire ;
- Annie Genevard ;
- Sébastien Chenu ;
- Fatiha Keloua Hachi.
On remarquera que seule Fatiha Keloua Hachi est une primodéputée dans la liste. Tous les autres candidats ont au moins un mandat de député derrière eux. Quant à Annie Genevard, elle en est à son troisième mandat de député et avait été vice-présidente sous la XVe législature.
Le premier tour de scrutin n’a pas permis de départager les candidats. Il fut organisé un second tour. Sébastien Chenu a retiré sa candidature et les députés du Rassemblement national n’ont pas pris part au scrutin. Au terme de ce second tour, Yaël Braun-Pivet, ancienne présidente de la commission des lois a été proclamée Présidente de l’Assemblée nationale. Très enthousiaste et manifestement très bien informé, Olivier Véran, ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé des Relations avec le Parlement et de la Vie démocratique, a félicité par tweet Yaël Braun-Pivet à 18 h 39. Or, la séance n’avait pas repris et les résultats n’avaient pas été proclamés. Ils l’ont été 10 minutes plus tard. Cela n’est pas de nature à invalider le scrutin, mais la fébrilité du ministre aurait pu être mal interprétée.
Hommages aux femmes de bonne volonté
C’est une Présidente de l’Assemblée nationale émue et fière qui s’est hissée jusqu’au perchoir. Revenant sur l’histoire politique et parlementaire française, elle a rendu hommage aux différentes femmes qui l’ont précédé : la première candidate députée, les premières députées, les premières femmes ministres, les premières présidentes de commission.
Elle a également procédé à un rappel de l’actualité avec la récente décision de la Cour Suprême américaine concernant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Faut-il y voir un signe sur la possible organisation de l’ordre du jour de l’Assemblée nationale ? En effet, le groupe de la majorité présidentielle souhaite sacraliser le droit à l’IVG dans la Constitution. Les députés de l’intergroupe de la NUPES ont aussi émis ce souhait. Du côté du Sénat, deux textes ont déjà été déposés comme nous l’indiquions ce matin.
La Présidente a poursuivi son discours en rendant hommage à sa famille, retraçant son parcours personnel et professionnel. Si son allocution a rencontré des applaudissements nourris d’une grande part de l’hémicycle, plusieurs députés sont ostensiblement restés assis, sans applaudissement. Certes, élue à une majorité relative, Yaël Braun-Pivet n’en reste pas moins la première femme de l’Histoire à accéder au perchoir.
Les différentes nominations pour constituer le bureau de l’Assemblée nationale vont se poursuivre le mercredi 29 juin 2022 ainsi que le jeudi 30 juin 2022. Seront désignés — si nécessaire par scrutin — les vice-présidents, les questeurs et les secrétaires. Le 30 juin, les commissions permanentes se réuniront pour la première fois et procéderont à l’élection de leurs présidents et vice-présidents respectifs, de même que les délégations. Quant aux groupes parlementaires, la composition devrait être connue dans les prochaines heures, de même que leur position officielle, à savoir opposition ou majorité.
La XVIe législature est officiellement commencée.